La mission Europa Clipper de la NASA a récemment franchi une étape cruciale en ajoutant ses instruments scientifiques à l’énorme vaisseau spatial en cours d’assemblage au Jet Propulsion Laboratory de la NASA, en Californie du Sud. Programmée pour être lancée depuis le Centre spatial Kennedy en Floride en octobre, la sonde visera Europe, la lune gelée de Jupiter, où un océan sous la surface glacée pourrait offrir des conditions propices à la vie.
Une cible de choix
Europe, une des lunes de Jupiter, est l’une des destinations les plus intrigantes du Système solaire en raison de ses caractéristiques uniques. Découvert par Galileo Galilei en 1610, cet objet possède une surface composée principalement de glace d’eau. Elle est également parsemée de fractures chaotiques et de crêtes, ce qui suggère une activité géologique dynamique.
La présence probable d’un océan d’eau salée liquide sous sa croûte de glace rend Europe encore plus captivante. Des données provenant de missions précédentes, telles que Galileo de la NASA, ont en effet fourni des indices convaincants soutenant cette hypothèse. La source d’énergie qui pourrait maintenir cet océan en état liquide provient des forces de marée engendrées par l’interaction gravitationnelle intense entre Jupiter et sa lune. Ces forces de marée génèrent une chaleur interne significative, ce qui crée ainsi un environnement potentiellement habitable sous la surface.
Cette combinaison d’eau liquide, de chaleur et d’ingrédients chimiques essentiels soulève ainsi la possibilité que cet objet puisse abriter des formes de vie extraterrestres. Pour en savoir davantage, la NASA prépare sa mission Europa Clipper. Lancée en octobre depuis le Centre spatial Kennedy, elle cherchera à étudier de manière approfondie la composition, la structure et la potentialité d’habitabilité de la lune glacée de Jupiter en effectuant plusieurs survols rapprochés.
Europa Clipper pour comprendre l’environnement de la lune
La particularité de cette mission réside dans la synchronisation de ses neuf instruments scientifiques qui fonctionneront de manière intégrée pour recueillir des données complètes à chaque survol. « Les instruments travaillent ensemble, main dans la main, pour répondre à nos questions les plus urgentes sur Europe« , a déclaré Robert Pappalardo, scientifique du projet de la mission. « Nous apprendrons ce qui fait vibrer Europe, depuis son noyau et son intérieur rocheux jusqu’à son océan et sa coquille de glace, en passant par sa très fine atmosphère et l’environnement spatial environnant. »
Pour étudier l’environnement autour d’Europe, le vaisseau spatial transportera notamment un magnétomètre chargé d’analyser le champ magnétique de la lune, crucial pour comprendre la nature de son océan salé. Un autre instrument étudiera le plasma (des particules chargées) autour d’Europe, ce qui aidera à déterminer comment il pourrait déformer les champs magnétiques. Ces données combinées fourniront des mesures précises de l’environnement magnétique et permettront de révéler la composition de l’océan sous la surface.
La mission étudiera également l’atmosphère de la lune, qui bien que faible. Les scientifiques espèrent y détecter des panaches de vapeur d’eau s’échappant de la surface, ainsi que des particules de glace et de poussière éjectées dans l’espace par des impacts de micrométéorites. Trois instruments dédiés à l’étude de l’atmosphère comprendront un spectromètre de masse, un analyseur de poussière de surface et un spectrographe.

Sonder la surface
Les caméras à bord d’Europa Clipper fourniront également des images grand-angle et étroit de la surface, ce qui permettra de créer la première carte globale haute résolution d’Europe. Ces images aideront à surveiller les changements de surface liés à l’activité géologique, tandis qu’un imageur qui mesurera les températures identifiera les zones plus chaudes, ce qui révélera la présence d’eau ou de dépôts de glace récents.
Un spectromètre imageur se chargera de cartographier les glaces, les sels et les molécules organiques présents en surface. Un instrument radar étudiera quant à lui la coquille de glace et cherchera de l’eau à l’intérieur et en dessous.
À moins de neuf mois du compte à rebours avant le lancement, tous ces instruments scientifiques ont été ajoutés à l’énorme vaisseau spatial en cours d’assemblage en Californie. En ce qui concerne la suite, l’engin sera soumis à toute une variété de tests au cours de ces prochaines semaines avant d’être expédié au Centre spatial Kennedy pour son lancement prévu sur une fusée Falcon Heavy.
