Ce minuscule animal quasi indestructible pourrait transmettre ses super-pouvoirs à l’être humain

Crédits : Wikimedia Commons/Schokraie E, Warnken U, Hotz-Wagenblatt A, Grohme MA, Hengherr S, et al.

Le tardigrade, ou « ourson d’eau », est un minuscule animal qui est probablement le plus indestructible de la planète. Selon des chercheurs japonais, une protéine fabriquée par cet animal pourrait bien protéger les cellules humaines des rayons X.

Malgré un demi-millimètre de longueur en moyenne seulement, le tardigrade est capable de survivre à toutes les situations, que se soit au sommet de l’Himalaya ou dans l’espace, dans l’eau bouillante ou à 4000 mètres sous la mer, des conditions qui tueraient n’importe quel autre être vivant. Il peut survivre à des pressions équivalentes à 300 fois celle de l’atmosphère et à des doses de rayons ultraviolets mortelles pour la plupart des organismes vivants. L’un de ces spécimens s’est même réveillé après 30 ans de congélation, un exploit de plus qui lui a valu le titre « d’animal le plus indestructible de la planète« .

Aussi appelé « ourson d’eau », ce minuscule animal fascine la communauté scientifique, et il y a de quoi. Ainsi, des chercheurs japonais de l’Université de Kyoto ont cherché à percer ses mystères et ont découvert qu’une protéine fabriquée par le tardigrade pourrait contribuer à protéger l’ADN humain des rayons X. « Ce qui est incroyable, c’est que la protéine qui prodigue au tardigrade cette résistance peut être transférée à d’autres cellules animales » explique Takekazu Kunieda dans l’étude publiée dans la revue Nature Communications.

Une capacité d’adaptation folle pour cet animal qui avait fait l’objet d’une expérience extrême en 2007, lorsque des milliers de spécimens ont été embarqués à bord d’un vaisseau spatial et exposés au vide de l’espace à 270 km d’altitude. À leur retour sur Terre, aucune altération biologique n’avait été à déplorer, et ces animaux se sont même reproduits normalement.

Bob Goldstein and Vicky Madden, UNC Chapel Hill
Bob Goldstein and Vicky Madden, UNC Chapel Hill

En séquençant l’ADN du tardigrade, Takekazu Kunieda et ses collègues ont identifié une protéine qui protège cet ADN lorsqu’il est irradié. Selon les chercheurs, cette protéine est spécifique aux tardigrades et les chercheurs ont donc constaté que cette protéine pouvait protéger les cellules humaines des rayons X. « C’est étonnant de voir qu’un seul gène est suffisant pour améliorer, en culture, la tolérance aux rayonnements des cellules humaines« , admet le biologiste. Sous la « protection » de la protéine du tardigrade, l’ADN subirait deux fois moins de dommages, nous apprend l’étude. « Nous pensons que la protéine pourrait fonctionner comme un bouclier physique et protéger l’ADN humain contre les attaques« , explique le chercheur japonais.

L’étude évoque également le rôle du génome dans cette incroyable résistance, notamment celle à la sécheresse. En effet, lorsqu’il est privé d’eau, le tardigrade est capable de totalement se dessécher et de survivre avec seulement 1% de l’eau qu’il contient à l’état normal. Son ADN se disloque alors en de multiples petits morceaux et l’animal reste dans un état de quasi mort, durant lequel son activité vitale s’abaisse à 0,01 % de la normale. Ensuite, au cours du processus de réhydratation, il peut réparer son propre ADN endommagé et ressortir indemne de cette phase de déshydratation extrême.

« Si la tolérance à la dessiccation (procédé d’élimination de l’eau, ndlr) peut devenir transférable, ce que j’espère, cela va bouleverser notre façon de préserver les matériaux biologiques (les cellules, les cultures, les viandes, les poissons,…)« , note Takekazu Kunieda. « Mais je ne pense pas que cela arrivera dans un avenir proche« , précise-t-il, évoquant les questions éthiques que cela soulèverait.

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