Des millions de moustiques génétiquement modifiés vont être lâchés au Brésil

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Pour lutter contre la propagation de la dengue, les autorités brésiliennes s’apprêtent à lâcher des millions de moustiques génétiquement modifiés. Leur efficacité est toutefois contestée et suscite l’opposition de plusieurs ONG.

Le moustique OX513A a été mis au point par l’entreprise britannique Oxitec. Il s’agit en fait du fameux moustique Aedes aegypti, un insecte qui se développe dans les régions tropicales et qui transmet par sa piqûre le virus de la dengue. Cinquante millions de personnes sont infectées chaque année et dix-mille personnes trouvent la mort des suites de complications. Or, le Brésil connaît justement une épidémie puisque 1,4 million de cas et 545 morts des suites de cette maladie ont été confirmés l’année dernière. C’est beaucoup plus qu’en 2008 où l’OMS recensait 120 000 cas. Avec la proximité de la Coupe du Monde de football, les autorités ont décidé d’agir.

Aucun vaccin n’étant encore au point, la seule manière de lutter contre la dengue reste de prévenir l’apparition des moustiques. Des souches mâles de l’Aedes aegypti ont donc été génétiquement modifiées dans le but d’empêcher leur progéniture de survivre et de ralentir leur essor.  Le 10 avril dernier, la Commission technique nationale de biosécurité (CTNBio) a autorisé leur dissémination dans l’environnement. Oxitec n’a plus qu’à obtenir l’accord de l’Agence nationale de surveillance sanitaire brésilienne et elle pourra débuter les lâchers en pleine nature ainsi que la commercialisation de l’insecte. « Cette technologie nous permet de tuer la descendance de moustiques. C’est une sorte de contrôle des naissances pour les insectes », explique l’entreprise dans une vidéo.

Un premier test a été réalisé en 2009 dans les îles Caïmans suivi d’expérimentation en Malaisie et au Brésil. Oxitec estime que lors de la première expérience, la population de moustiques sauvage a été réduite de 80% en seulement 11 semaines. Seul problème, aucune étude indépendante n’a été réalisée pour vérifier ces données et les conséquences de la dissémination du moustique OX513A.

«Il n’existe aucun test de toxicité public qui prouve qu’être piqué ou avaler un moustique génétiquement modifié est sans danger pour les humains, les animaux domestiques ou sauvages », indique l’ONG anglaise GeneWatch. De son côté, l’association Inf »OGM estime que « la procédure d’autorisation n’est pas respectée : le public n’a pas été correctement consulté ». Autre interrogation, la diminution de la population d’Aedes Aegypto pourrait permettre à un moustique concurrent – le moustique-tigre qui lui aussi transmet la dengue – de prendre la place et d’infecter à son tour des millions de personnes.

En cas d’autorisation définitive, ce qui ne fait peu de doute, le moustique OX513A deviendrait le premier animal OGM librement commercialisé et disséminé dans la nature.

Source : Le Monde, Oxitec