Selon une étude, des agents pathogènes seraient capables de voyager de la terre ferme vers les mers à l’aide des particules plastiques. Or, les chercheurs estiment que cela peut avoir des conséquences à la fois sur la santé humaine et l’environnement.
Des bactéries accrochées aux microplastiques
Aujourd’hui plus que jamais, les microplastiques sont source de préoccupation. Il faut dire que ces fragments se retrouvent un peu partout sur Terre, des chaînes de montagnes aux fonds marins en passant par l’Arctique et l’Antarctique. Il y a quelques semaines, des médecins ont même isolé pour la toute première fois des microplastiques dans des poumons d’humains vivants. Une équipe des universités de Californie à Davis, du Nebraska à Lincoln (États-Unis) et de Toronto (Canada) a quant à elle récemment affirmé que les microplastiques peuvent propager des maladies terrestres vers les océans.
Leur étude parue dans la revue Scientific Reports le 26 avril 2022 a pour point de départ l’hypothèse suivante : les villes et villages contaminent l’eau avec des agents pathogènes qui pourraient se retrouver dans les océans en s’accrochant aux microplastiques. Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs se sont intéressés à trois agents pathogènes en particulier : Toxoplasma gondii, Cryptosporidium parvum et Giardia enterica. Ils sont respectivement responsables de la toxoplasmose, de la cryptosporidiose et de la giardiase. Or, il s’agit de maladies capables de contaminer à la fois les humains et d’autres espèces animales.

Les microfibres transportent énormément de bactéries
Rappelons que les microplastiques font à peu près la taille d’un grain de riz, soit moins de 5 mm. Les scientifiques en ont utilisé deux sortes dans le cadre de leur étude, à savoir les microbilles de polyéthylène et les microfibres de polyester. Les premières se retrouvent principalement dans les cosmétiques et les secondes dans les filets de pêche, mais aussi, et surtout dans les vêtements desquels elles émanent après les lavages en machine. Dans un premier temps, les chercheurs ont placé ces microplastiques dans de l’eau de mer durant deux semaines. L’objectif ? Permettre la formation d’un biofilm (couche de bactéries) à leur surface. Ensuite, ces particules ont été placées dans des flacons contenant de l’eau de mer seule ou de l’eau contaminée par une des trois bactéries citées.
Durant une semaine, les scientifiques ont observé leurs échantillons. Premièrement, ils ont observé que plus de bactéries se sont accrochées aux microfibres plutôt qu’aux microbilles. Le constat est sans appel : au moins mille fois plus de bactéries sont présentes sur 1 g de plastique que dans 1 ml d’eau de mer.
Un effet boomerang pour l’humanité
Selon l’étude, les particules plastiques sont donc un moyen facilitant la diffusion des agents pathogènes. Il y a celles qui flottent et parcourent de très longues distances, propageant les agents terrestres vers des contrées lointaines. Toutefois, il y a également celles qui coulent au fond de l’eau et concentrent malheureusement les agents pathogènes dans l’environnement. Or, les fonds marins abritent le zooplancton ou encore les coquillages de type moules, huîtres, palourdes, etc. Sans surprise, les chercheurs estiment que la propagation des agents pathogènes peut se retourner contre l’humanité. En effet, ces germes pourraient en bout de chaîne se retrouver à la fois dans l’eau et la nourriture que nous consommons.
Si davantage d’études doivent être menées en conditions réelles plutôt qu’en laboratoire, ces recherches montrent déjà l’importance de prévenir les sources de microplastiques dans les océans. Cela passe notamment par l’installation de filtres sur les machines à laver et les sèche-linge ou encore par le traitement des eaux pluviales. Il est également essentiel de surveiller les éventuels rejets de plastique, notamment en provenance des industries et autres chantiers de construction.