Une équipe internationale de chercheurs a récemment identifié des microfossiles en Australie occidentale qui pourraient apporter des éclaircissements cruciaux sur un moment clé de l’histoire de la Terre : l’oxydation de l’atmosphère il y a environ 2,4 milliards d’années.
La Grande Oxydation
La Terre a connu au fil de son histoire plusieurs transformations environnementales majeures. L’une des époques les plus cruciales fut la Grande Oxydation, survenue il y a environ 2,4 milliards d’années. Cette période s’est caractérisée par une augmentation significative de la concentration d’oxygène dans l’atmosphère et les océans de la planète. Ces changements environnementaux ont naturellement eu des conséquences importantes, entraînant notamment des extinctions massives. Cependant, ils auront également ouvert la voie à l’évolution de formes de vie plus complexes.
Jusqu’à présent, malgré l’impact incontestable de cet événement, les preuves directes reliant ces bouleversements environnementaux à l’évolution de la vie sur Terre étaient toutefois extrêmement rares, d’où l’intérêt de cette nouvelle découverte. En Australie occidentale, des chercheurs ont en effet identifié des microfossiles complexes datant de cette époque lointaine.
Des microfossiles semblables à des algues
Les microfossiles découverts se distinguent considérablement des organismes procaryotes, tels que les bactéries, qui étaient prédominants avant la Grande Oxydation. Pour rappel, les procaryotes sont caractérisés par des cellules dépourvues de noyau distinct. Leur matériel génétique flotte librement dans le cytoplasme.
Ces microfossiles présentent en revanche des similitudes frappantes avec les colonies d’algues qui sont des eucaryotes, tant en termes de forme, de taille que de distribution au sein de la colonie, ainsi qu’au niveau des cellules et membranes individuelles. Pour rappel, les eucaryotes sont une forme de vie plus complexe caractérisée par la présence d’un noyau distinct entouré d’une membrane où réside l’information génétique. Ils ont également des organites spécialisés, comme les mitochondries et les chloroplastes, qui jouent un rôle crucial dans divers processus cellulaires.
Les implications d’une telle découverte
Ces microfossiles, découverts par Erica Barlow, professeure de recherche affiliée au Département de géosciences de l’Université d’État de Pennsylvanie, suggèrent donc un lien direct entre les changements environnementaux survenus lors de la Grande Oxydation et l’évolution de la vie. Jusqu’à présent, cette hypothèse n’avait pas pu être vérifiée faute de fossiles.
« Ces fossiles spécifiques sont remarquablement bien conservés, ce qui a permis l’étude combinée de leur morphologie, de leur composition et de leur complexité« , a déclaré Christopher House, lui aussi professeur de géosciences dans la même université et coauteur de l’étude. « Les résultats ouvrent une grande fenêtre sur une biosphère en évolution il y a des milliards d’années. »
Pour confirmer que ces microfossiles appartiennent bien à des organismes eucaryotes, des recherches supplémentaires seront nécessaires. Toutefois, si cette hypothèse se confirme, elle repousserait de 750 millions d’années l’enregistrement des premiers microfossiles eucaryotes. Une telle observation remettrait alors en question la chronologie de l’évolution de la vie sur Terre, indiquant que des formes de vie plus complexes que les bactéries ont émergé beaucoup plus tôt que prévu.
Ces découvertes pourraient également avoir un impact sur la manière dont nous envisageons le développement de la vie sur d’autres planètes et lunes de notre Système solaire. Plutôt que de se limiter à des formes de vie bactériennes procaryotes, il serait en effet possible que nous puissions trouver des organismes d’un ordre de complexité supérieur, même s’ils sont microscopiques. Cette découverte élargit ainsi notre perspective sur la variété de la vie qui pourrait exister ailleurs dans l’Univers.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Geobiology.