Ils ont cultivé des microbes dans des échantillons de roche martienne

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La planète Mars. Crédits : ESA / DLR / FU Berlin / Justin Cowart

Des chercheurs ont cultivé des microbes extrémophiles dans un petit morceau d’une météorite martienne. Ces travaux ont démontré que la vie pouvait potentiellement exister dans les anciennes conditions martiennes. 

Comme vous le savez probablement, une mission est en préparation dans le but de rapporter des échantillons martiens mis de côté par le rover Perseverance. Toutefois, il est important de rappeler que nous disposons déjà de roches martiennes sur Terre. Ces dernières ont été délogées suite à des impacts de météorites, avant de voyager à travers le système solaire pour finalement croiser la route de notre planète.

Un petit morceau de cette matière vient d’être utilisé pour cultiver des microbes par des chercheurs de l’Université de Vienne (Autriche). La météorite en question, nommée Martian Black Beauty, est une pierre inestimable formée de divers morceaux de croûte martienne, certains aussi vieux que 4,4 milliards d’années, éjectés il y a des millions d’années de la surface de la planète rouge.

Le but : déterminer si une forme de vie pouvait ou non survivre et se développer dans les anciennes conditions martiennes.

Organismes extrémophiles

Les auteurs sont partis du principe que si une vie existait jadis sur la planète rouge, alors elle ressemblait probablement à un extrémophile. Sur Terre, ces organismes sont connus pour vivre dans des conditions très hostiles.

En outre, nous savons que l’atmosphère de l’ancienne Mars était épaisse et riche en dioxyde de carbone. Ici sur Terre, les organismes capables de fixer le dioxyde de carbone et de convertir des composés inorganiques (tels que les minéraux) en énergie sont connus sous le nom de chimolithotrophes. Aussi les chercheurs se sont concentrés sur ce type d’organismes. Et sur une espèce en particulier : Metallosphaera sedula. Cet archéen est connu pour évoluer dans les sources volcaniques chaudes et acides.

Croissance cellulaire

Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont placé ces organismes sur le minéral martien. Puis, ils ont mis le tout dans un bioréacteur soigneusement chauffé et gazé avec de l’air et du dioxyde de carbone.

Au microscope, les chercheurs ont alors pu constater la croissance de ces organismes qui, visiblement, se sont adaptés à cet environnement martien. Des analyses ont également permis d’évaluer la manière dont ces microbes avaient transformé le matériau afin de « construire » de nouvelles cellules, laissant derrière eux des dépôts biominéraux composés de phosphates complexés de fer, de manganèse et d’aluminium.

« Nous avons également observé la formation intracellulaire de dépôts cristallins de nature très complexe (Fer, oxydes de Manganèse, silicates mixtes de Manganèse) », notent les chercheurs. « Or, ce sont des caractéristiques uniques de croissance que nous n’avions pas observé auparavant lors de la culture de ces microbes sur des sources minérales terrestres ».

microbes mars
Cellules de M. sedula cultivées sur une météorite martienne. Crédits : Milojevic et al., Communications Earth & Environment, 2021

À terme, ces travaux pourraient fournir des données inestimables dans la recherche de la vie ancienne sur Mars. Comme dit plus haut, il est prévu que Perseverance sonde ces biosignatures extraterrestres. Maintenant que les astrobiologistes savent à quoi ressemblent les dépôts cristallins de M. sedula, ils pourraient potentiellement identifier des traits similaires dans les échantillons du rover.