Mia, le premier oiseau « bionique » avec un pied artificiel

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Gypaète barbu (Gypaetus barbatus). Crédits : Antoine ADAM

Certains oiseaux ont déjà profité de « pattes artificielles » maintenues avec des sangles. Une équipe de l’Université de Vienne rapporte aujourd’hui la première intégration réussie d’une prothèse de pied directement dans l’os résiduel de la patte d’un oiseau de proie.

Chez les grands oiseaux, la perte de membres entrave la capacité d’atterrir, de marcher ou de retenir les proies, menant finalement à la malnutrition et à la mort. Jusqu’à présent, il était impossible de s’appuyer sur des tiges de prothèse conventionnelles dans ces membres aviaires, compte tenu des charges extrêmes que ces oiseaux doivent supporter.

Dans le cadre de récents travaux, une équipe du centre de réhabilitation d’Haringsee pour les hiboux et les oiseaux de proie (Basse-Autriche) s’est finalement tournée vers l’équipe d’Oskar Aszmann, de l’Université de Vienne et spécialiste en la matière, pour venir en aide à Mia.

Une première ostéointégration aviaire

Mia est une femelle gypaète barbu, une espèce de vautour évoluant en Asie centrale, en Afrique, au Moyen-Orient et en Europe pouvant mesurer jusqu’à 2,6 m d’envergure. L’oiseau s’était blessé à l’un de ses pieds par strangulation à cause de laine de mouton souvent utilisée pour la construction du nid, au point de devoir être amputé au niveau du tarso-métatarsien. Sur une patte, il était clair que Mia ne pourrait pas survivre longtemps.

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A : le membre gauche intact par rapport au membre droit amputé. B : une ulcération chronique due à une charge importante pendant les activités quotidiennes. Crédits : Scientific Reports

Ensemble, les chercheurs ont donc imaginé et développé un implant osseux spécial capable d’être fixé au moignon (ostéointégration). Ici, les parties externes de la prothèse sont donc directement reliées à un ancrage osseux pour garantir une fixation solide du squelette. L’équipe du Dr Aszmann s’était récemment appuyée sur cette technique pour la première fois sur un patient qui avait perdu un bras.

« Ce concept offre un haut degré de réalisation puisque l’ostéoperception fournira un retour intuitif direct permettant une utilisation naturelle du membre dans la marche et l’alimentation« , écrit le chercheur dans Scientific Reports.

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Radiographies de la jambe de Mia avec son pied prothétique. Crédits : Université médicale de Vienne

Le premier oiseau « bionique »

Comme vous pouvez le voir ci-dessus, l’opération sur Mia a été menée avec succès au Center for Biomechanical Research de MedUni, à Vienne, en collaboration avec Rickard Branemark, du Center for Osseointegration Research de San Francisco. Le processus rééducation et le traitement prothétique ont ensuite eu lieu au sanctuaire de Haringsee.

« L’oiseau a fait les premières tentatives de marche après seulement trois semaines et la prothèse était à pleine charge après six semaines« , écrivent les chercheurs. « Aujourd’hui, le gypaète barbu peut à nouveau atterrir sur ses deux pieds et marcher, ce qui en fait le premier « oiseau bionique » au monde« .