Le totoaba est un poisson au cœur d’importants enjeux économiques dans le golfe du Mexique. Surnommé « cocaïne de la mer », celui-ci faisant l’objet d’une pêche illégale et d’un commerce international géré par un cartel, a la particularité d’avoir une vessie natatoire très prisée, notamment en médecine traditionnelle chinoise. Des scientifiques en recherche de solutions ont d’ailleurs évoqué un possible effondrement de la population.
Contrer le commerce international illégal du totoaba
Autrefois abondant, le totoaba (Totoaba macdonaldi) ou « cocaïne de la mer » est aujourd’hui menacé, malgré une interdiction de son commerce depuis 1977. Chaque année, le Mexique exporte illégalement des centaines de tonnes de ce poisson, principalement en Chine où son prix défie la raison – environ 80 000 dollars le kg. Il faut dire que la vessie natatoire du totoaba est un mets de grand luxe mais également, un ingrédient important en médecine traditionnelle chinoise (MTC).
Depuis longtemps déjà, le cartel de Sinaloa contrôle la pêche illégale et le commerce international du totoaba. Dans la région du golfe du Mexique, l’insécurité est grandissante, les communautés côtières étant régulièrement menacées en cas de non coopération. Une étude pilotée par l’Université de Californie à Santa Barbara (Etats-Unis) et publiée dans la revue Npj Ocean Sustainability en juillet 2025 explore de potentielles solutions pour endiguer le phénomène.
« Le commerce illégal d’espèces sauvages menace les espèces à l’échelle mondiale. L’agriculture de conservation introduit des substituts d’élevage pour réduire le braconnage. Pour prédire le succès de cette agriculture, il est essentiel de comprendre l’interaction entre l’offre et la demande, ainsi que la réaction des marchés. », peut-on lire dans l’étude.
Un pari risqué mais potentiellement salvateur
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont simulé une chaîne d’approvisionnement illégale décrivant le commerce actuel, à savoir la vente de totoaba par des braconniers à des négociants du cartel alimentant le marché mondial. L’objectif ? Trouver un moyen de mettre en place – à l’aide de subventions d’État – des exploitations de conservation (élevages légaux) afin concurrencer le commerce illégal et maintenir une population stable de totoabas sauvages, alors que cette stabilité est actuellement assez fragile.
Le premier scénario implique une réduction de l’offre des négociants en réponse aux exploitations de conservation, qui déboucherait sur une augmentation de 28% du braconnage. Le second scénario concerne la pratique par les négociants d’un prix inférieur à ceux des élevages légaux, causant une augmentation de « seulement » 6% du braconnage. Dans les deux cas, la solution n’est pas parfaite mais aurait le mérite d’assurer une stabilité de la population de totoaba. Néanmoins, il s’agit d’un pari risqué dans la mesure où les clients chinois pourraient préférer les vessies natatoires provenant de la pêche de totoabas sauvages.

Enfin, il faut savoir que, si la surpêche du totoaba risque de fragiliser sa présence dans le golfe du Mexique, il existe déjà une victime collatéral de ce commerce. Les chercheurs ont évoqué le cas du vaquita (Phocoena sinus), une espèce de marsouin actuellement en danger critique d’extinction, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Les chercheurs étasuniens ont indiqué qu’il en restait moins d’une dizaine en 2024, en raison des nombreuses prises accidentelles dans les filets des braconniers.
