Mexique : découverte d’une épave d’un bateau espagnol qui transportait des esclaves

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Crédits : INAH

Il y a trois ans, des archéologues ont identifié une épave au large des côtes du Mexique, dans l’Atlantique. Il s’agirait d’un navire qui transportait des passagers, des marchandises et, de manière illégale, des esclaves mayas.

Trois ans de recherches

Une partie sombre de l’histoire du monde a refait surface il y a peu au Mexique. Dans un communiqué publié le 15 septembre 2020, l’Institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH) pense avoir découvert La Unión, un navire transportant illégalement des esclaves mayas jusqu’à sa disparition en 1861. C’est en 2017 que le pêcheur local Juan Diego Esquivel a découvert l’épave et guidé les autorités. Il aura donc fallu trois ans de recherches pour identifier ce navire temporairement baptisé « Adalio » en hommage au grand-père du pêcheur. Selon les archéologues, le bateau repose dans les profondeurs, à une distance de 3,7 km au large du port de Sisal (Yucatán, Mexique).

Les chercheurs ont observé la structure du bâtiment ainsi que ses équipements. Selon eux, le navire est un bateau à vapeur datant du XIXe siècle, plus précisément entre 1837 et 1860. La zone a par ailleurs montré différents éléments reconnaissables comme des roues à aubes, des compartiments, des chaudières, des objets de fixation ou encore des boulons en cuivre. Les archéologues ont également retrouvé des objets du quotidien tels que des fragments de bouteilles de verre et de céramique ainsi que des ensembles de couverts. Ces artefacts prouvent que le navire transportait bien des passagers. Les chercheurs ont ensuite passé au peigne fin les archives du Mexique, des états voisins ou encore de Cuba et d’Espagne.

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Crédits : INAH

Des esclaves mayas vendus à Cuba

Trois ans après la découverte du bateau, les archéologues sont désormais certains que l’épave est celle de La Unión, disparue en 1861. Le bâtiment appartenait à une société, la Zangroniz Hermanos y Compañía établie à La havane, capitale cubaine. Dès 1855, La Unión assurait un commerce avec le Mexique et faisait la liaison avec des villes telles que Campeche, Sisal, Tampico et Veracruz. Un détail a permis aux archéologues d’être certains de leur découverte. En effet, le bois montrait des traces d’incendie et les chaudières avaient visiblement explosé. Or, ce sont ces mêmes conditions qui ont causé la perte de La Unión. La localisation du site semble également coller aux références des rapports de l’époque.

Selon les chercheurs, La Unión a transporté des passagers de première, deuxième et troisième classes jusqu’à Cuba. Les cales embarquaient également des marchandises telles que du cuir tanné, du bois, des fibres de henequen ainsi que des peaux. Néanmoins, les archéologues ont également fait mention du transport de Mayas vendus illégalement en tant qu’esclaves.

Il faut savoir que l’esclavage a été aboli en 1829 grâce au décret du président Vicente Guerrero. Cependant, le trafic a continué durant plusieurs décennies. Selon les registres, La Unión a été stoppée en 1860 avec 29 Mayas à son bord, dont des enfants de sept à dix ans. Visiblement, il ne s’agissait pas d’un cas isolé. Les chercheurs estiment qu’entre vingt-cinq et trente Mayas faisaient le voyage jusqu’à Cuba chaque mois. Ceux-ci étaient ensuite revendus à La Havane : 160 pesos pour les hommes et 120 pesos pour les femmes.