Une nouvelle méthode non-invasive pour explorer l’intérieur du corps humain

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Crédits : capture YouTube / Microbs Lab

Des chercheurs suisses ont mis au point une nouvelle technique d’exploration de l’organisme empruntant les vaisseaux sanguins. Reposant sur un appareil électronique plus fin qu’un simple cheveu, cette méthode pourrait être source d’espoir quant au traitement de tumeurs cérébrales habituellement difficilement atteignables.

Accéder aux vaisseaux les plus reculés

Lucio Pancaldi et Selman Sakar sont respectivement doctorant et professeur assistant à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL). Dans leur article paru dans la revue Nature Communications le 22 décembre 2020, le duo explique vouloir exploiter l’énergie hydrocinétique, c’est-à-dire l’énergie mécanique résultant du mouvement des liquides. L’objectif ? Atteindre certains endroits difficiles d’accès du corps humain, notamment le cerveau en se passant de méthodes invasives. Selon les chercheurs, la plus grande partie d’un organe tel que le cerveau reste aujourd’hui inaccessible. En effet, les outils existants sont encore trop volumineux. Ainsi, il est impossible de naviguer dans le système vasculaire cérébral sans risquer de causer des lésions tissulaires. Habituellement, les médecins poussent et tournent des fils de guidage avant d’insérer des cathéters.

Les scientifiques de l’EPFL ont alors conçu un dispositif microscopique, comme le montre la vidéo à visionner en fin d’article. Celui-ci peut s’insérer dans les artérioles (petites artères), voire les capillaires, les vaisseaux sanguins les plus fins et dernières ramifications vasculaires. De plus, l’insertion se fait facilement et rapidement.

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Crédits : capture YouTube / Microbs Lab

Moins invasif et plus rapide

Les scientifiques de l’étude expliquent que le dispositif en question ne remplace pas le cathéter classique, mais vient le compléter. Celui-ci se compose d’une pointe et d’un corps ultra-flexible en polymères biocompatibles. Les chercheurs ont utilisé l’image du « fil de pêche » et de « l’hameçon » pour illustrer son fonctionnement. Il suffit en effet de retenir l’extrémité de l’appareil électronique et de laisser le flux de sang l’entraîner vers les vaisseaux sanguins périphériques. Il est également possible de choisir son chemin en tournant doucement l’extrémité magnétique de l’appareil. Les parois des vaisseaux sanguins ne risquent rien puisqu’aucune force mécanique n’est exercée. Par ailleurs, la rapidité d’action de cette méthode réduit le temps d’intervention à quelques minutes au lieu de plusieurs heures. Évoquons également le fait que le contrôle de l’appareil (activation et direction) se fait par ordinateur.

Les directeurs de l’étude imaginent qu’un robot chirurgien pourrait très bien guider leur dispositif de manière autonome. Le robot aura simplement besoin d’une « carte » du système vasculaire fournie par une IRM. S’il est ici question d’intelligence artificielle, les chercheurs estiment qu’un simple programme informatique pourrait être une alternative, en permettant de faciliter une opération manuelle.

La première phase de tests a été réalisée sur le système vasculaire d’une oreille de lapin. Désormais, il est question de passer à la prochaine étape : réaliser la même expérience directement sur des animaux.