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La méthode « mère kangourou » proposée dès la naissance améliore la survie des prématurés

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Crédits : Unsplash / CC0 Public Domain

Un contact peau contre peau continu immédiatement après l’accouchement, même avant que le bébé soit stabilisé, peut réduire la mortalité des prématurés de 25% d’après une étude publiée dans Nature.

La méthode « mère kangourou » consiste à porter un enfant prématuré sur le ventre en contact peau contre peau. Cette méthode est connue pour contribuer à la bonne santé et au bien-être des nourrissons nés à terme ou prématurés. Concernant ces derniers, en revanche, l’OMS recommandait jusqu’à présent que les contacts peau contre peau ne soient proposés qu’une fois les petits stabilisés, ce qui peut prendre plusieurs jours pour ceux pesant moins de 2 kg à la naissance. Mais est-ce vraiment la meilleure approche ?

« L’idée de proposer un contact peau contre peau immédiatement après l’accouchement à de très petits bébés instables a rencontré une résistance assez forte, mais environ 75% des décès surviennent avant que les nourrissons n’aient été jugés suffisamment stables« , souligne Nils Bergman, du Karolinska Institut, en Suède.

Une étude menée dans cinq hôpitaux

Dans le cadre d’une nouvelle étude, financée par la Fondation Bill & Melinda Gates et dirigée par l’OMS, Bergman et son équipe ont examiné si les soins maternels kangourous immédiats pouvaient ou non conduire à de meilleurs taux de survie pour les nourrissons d’un poids de naissance de 1 à 1,8 kg.

Ces travaux se sont concentrés sur les bébés nés dans les pays à revenus intermédiaires. Les données ont été recueillies dans cinq hôpitaux universitaires au Ghana, en Inde, au Malawi, au Nigéria et en Tanzanie où la mortalité de ces nourrissons variait de 20 à 30% avant l’étude.

Avant l’entame de ces travaux, une formation aux soins néonatals de base et à la « méthode kangourou » a été dispensée au personnel soignant de chaque hôpital par des médecins de l’Université de Stavanger, en Norvège. Un équipement de base leur a également été proposé pour mesurer les niveaux d’oxygène des nourrissons et fournir une ventilation assistée.

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Un bébé prématuré dans sa couveuse. Crédits : Evan-Amos / Wikipédia

Une réduction de la mortalité de 25% chez les prématurés

Pour cette étude, 3211 bébés prématurés ont été répartis au hasard dans deux groupes. Les membres d’un groupe ont bénéficié de contacts peau contre peau avec leur mère immédiatement après la naissance, tandis que les autres ont attendu d’être stabilisés. En attendant, ces nourrissons étaient pris en charge dans des unités séparées et n’étaient réunis avec leur mère que pour se nourrir.

Au cours des 72 premières heures suivant la naissance, les nourrissons du premier groupe ont bénéficié d’environ 17 heures de contact peau contre peau par jour, contre 1,5 heure dans le groupe témoin.

Résultat, la mortalité au cours des 28 premiers jours était de 12% dans le groupe « kangourou » contre 15,7% dans le groupe témoin, ce qui correspond à une réduction d’environ 25%. Les nourrissons du premier groupe présentaient également une meilleure température corporelle et souffraient moins d’intoxication bactérienne du sang.

« Le message principal de cette étude est que les nouveau-nés de faible poids devraient recevoir un contact peau contre peau immédiatement après la naissance, puis dans une unité de soins en couple mère-enfant où les mères et les bébés seraient pris en charge ensemble« , conclut Björn Westrup, coauteur de ces travaux. « Nos résultats suggèrent que ce modèle de soins, qui en soi ne demande pas de ressources, pourrait avoir des effets sur la santé importants« .

Les chercheurs estiment que cette approche pourrait sauver la vie de 150 000 nouveau-nés supplémentaires dans le monde chaque année. En attendant, l’OMS est en train de revoir ses recommandations actuelles sur les soins maternels kangourou.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.