Une météorite retrouvée dans le Michigan contient des composés organiques « purs »

Le chasseur de météorites Robert Ward en montrant sa découverte sur Strawberry Lake. Crédits : Robert Ward

Une équipe de chercheurs annonce avoir analysé une météorite quasiment inaltérée tombée dans le Michigan il y a deux ans. Ces travaux ont permis d’isoler des milliers de composés organiques susceptibles d’avoir participé au développement de la vie sur Terre.

Une météorite tombée sur Terre

Par le jeu de la mécanique céleste, de nombreux météoroïdes rencontrent la Terre. Soumise à des chaleurs intenses, la très grande majorité se retrouve brûlée dans l’atmosphère. Néanmoins, quelques-uns de ces objets arrivent tout de même à passer. On les appelle alors « météorites ». Dans la nuit du 16 janvier 2018, l’une d’elles a balayé le ciel du Midwest avant d’atterrir sur un lac gelé du Michigan (Strawberry Lake, États-Unis).

À l’aide d’un radar météorologique de la NASA, des chasseurs de météorites ont suivi la vitesse et la trajectoire de la roche. De cette manière, ils espéraient localiser l’emplacement probable de son atterrissage. L’un d’eux, Robert Ward, a finalement pu récupérer la pièce en moins de deux jours. Autrement dit, suffisamment rapidement pour que sa composition chimique ne soit pas altérée par contact avec de l’eau liquide, ce qui est très rare.

« Dès que vous avez de l’eau, le métal commence à rouiller et les minéraux comme l’olivine sont altérés« , explique Philipp Heck, conservateur au Field Museum de Chicago et auteur principal d’un nouvel article décrivant la météorite. « L’eau apporte également des contaminants à travers les nombreuses fissures qui sillonnent généralement les météorites, des fissures qui se sont formées lorsque la météorite a été éjectée de son astéroïde parent lors d’un événement d’impact précédent« .

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Le chasseur de météorites Robert Ward en montrant sa découverte sur Strawberry Lake. Crédits : Robert Ward

« Un riche inventaire de composés organiques extraterrestres non contaminés »

Cette récupération rapide a donc été une aubaine pour les chercheurs, qui se sont naturellement empressés d’étudier cette petite roche tombée du ciel encore « vierge ». Autrement dit, tel qu’elle existait dans l’espace.

Dans ce nouvel article, Philipp Heck explique avoir étudié l’objet sous toutes les coutures, s’appuyant sur toute une variété de méthodes (microscopie, spectroscopie, différents types de spectrométrie de masse, magnétométrie et autre tomodensitométrie). Ces analyses ont permis d’identifier le type de météorite auquel nous avons à faire : une chondrite H4. À titre d’information, seulement 4% de toutes les météorites tombant sur Terre de nos jours intègrent cette catégorie.

Plus intéressant encore, l’objet contenait encore « un riche inventaire de composés organiques extraterrestres non contaminés« , le même type de composés qui ont probablement été livrés à la Terre primitive par d’anciennes météorites, contribuant ainsi à l’apparition et au développement de la vie terrestre il y a plus de trois milliards d’années. Au total, l’équipe explique en avoir isolé plus de 2 600.

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Le fragment de météorite tombé sur Strawberry Lake. Crédits : Field Museum

« Les météorites ont joué un rôle important dans l’apport de composés organiques à la Terre primitive »

Notez que les scientifiques ne savent pas précisément comment les composés (contenant du carbone) responsables de la vie sur Terre sont arrivés ici. Néanmoins, l’une des théories dominantes suggère qu’ils se sont effectivement frayés un chemin à dos de météorites.

« Ces composés se sont formés dans l’astéroïde parent juste après sa formation, alors qu’il était encore chaud à cause de l’accrétion et de la désintégration des éléments radioactifs qui étaient encore présents dans le système solaire primitif« , explique Philipp Heck. « Même s’il existe des météorites, comme les chondrites carbonées, qui sont mille fois plus riches en matières organiques, le fait que celle-ci en soit gorgée confirme l’hypothèse selon laquelle les météorites ont joué un rôle important dans l’apport de composés organiques à la Terre primitive« .

Notons enfin que même si elle a été rapidement récupérée, cette météorite a tout de même subi une « contamination minimale ». Le chercheur souligne que les seuls échantillons réellement non contaminés seront ceux recueillis directement sur les astéroïdes. On pense alors forcément aux matières collectées par les sondes OSIRIS-REx de la NASA (sur Bennu) et Hayabusa2 de l’agence spatiale japonaise (sur Ruygu), bientôt de retour sur Terre.