Lorsqu’ils surviennent, les extrêmes météorologiques ont coutume de ne pas passer inaperçus. Cependant, la situation était bien différente en Europe de l’ouest ce 19 et 20 janvier. Les conditions exceptionnelles en vigueur n’étant pas perceptibles par le sens commun, de nombreux records sont tombés de façon souterraine.
Suite au creusement d’un profond système dépressionnaire en Atlantique la semaine dernière, les pressions ont brutalement augmenté en Europe. En effet, l’air qui est activement évacué des zones cycloniques doit bien être redistribué ailleurs. Conservation de la masse oblige. Un anticyclone s’est ainsi constitué sur le Vieux Continent à partir du 18 janvier. En particulier entre le Royaume-Uni et le Benelux.
Le processus évoqué est illustré ci-dessous par une animation un peu technique s’étalant du 17 au 21 janvier. Les flèches noires indiquent la façon dont la masse atmosphérique est redistribuée. Là où elles convergent, la pression de surface augmente et inversement. Le courant-jet est matérialisé en nuances de bleu et de rose (échelle en bas à droite en m/s).
Une mise sous pression en toute discrétion
Arrivée en cours de week-end, la cellule anticyclonique a atteint une intensité extrême du 19 au 20 janvier. Chose peu commune, le phénomène performait dans la discrétion la plus totale. Et pour cause, les anticyclones s’accompagnent d’un temps très stable – donc calme – qui n’attire pas l’attention sur eux. Par ailleurs, le corps humain est très peu sensible à la pression. Par conséquent, difficile de remarquer quoi que ce soit lorsque des records de fortes pressions sont atteints ou battus. Pour s’en rendre compte, il fallait suivre l’actualité météorologique ou être au chevet d’un baromètre domestique finement réglé.
Une pression inédite à Londres en 3 siècles de mesures
Le 20 janvier, peu après minuit, la station de l’aéroport International de Londres Heathrow affichait une pression 1049,6 hPa. Il s’agit là d’un record absolu en plus de 300 ans de mesures. Ces dernières ayant débuté en 1692 sous l’initiative du philosophe John Locke. Le précédent record datait du 18 janvier 1882 avec 1049,1 hPa relevés à l’Observatoire royal de Kew.

À l’échelle du Royaume-uni, le baromètre est monté jusqu’à 1050,5 hPa au phare de Mumbles dans la nuit du 19 au 20 janvier. Une valeur plus vue depuis au moins 60 ans. En effet, il faut remonter aux 1050,9 hPa du 16 janvier 1957 à Benbecula (Écosse) pour trouver mieux. Le record absolu reste quant à lui de 1053,6 hPa à Aberdeen le 31 janvier 1902.
De nombreux autres records
En outre, des records nationaux absolus ont bien été battus. En France, une pointe à 1049,7 hPa a été recensée à Abbeville en fin de matinée du 20 janvier. Une valeur qui redéfinit le précédent record officiellement considéré par Météo-France (1048,9 hPa à Chemoulin le 3 mars 1990). En Belgique, la pression est montée jusqu’à plus de 1050 hPa à Chièvres, battant sensiblement le précédent record de 1048 hPa attribué à Uccle et daté du 27 janvier 1932. Uccle qui a d’ailleurs atteint les 1048,3 hPa ce 20 janvier.
Enfin, notons que c’est tout un ensemble de records-stations (mensuels ou absolus) qui a été redéfini à l’ouest du continent européen et, dans une moindre mesure, sur sa partie centrale. En somme, un épisode d’une discrétion quelque peu troublante mais non moins exceptionnel sur le plan climatologique.
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