La sonde spatiale BepiColombo, une mission conjointe de l’Agence spatiale européenne (ESA) et de l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA), a récemment achevé son sixième et dernier survol de Mercure et offert des images inédites de la planète la plus proche du Soleil. Ces clichés révèlent des détails intrigants sur sa géologie et jettent les bases des études scientifiques que la sonde mènera une fois en orbite.
Une étape clé avant l’insertion orbitale
Lancé en octobre 2018, BepiColombo a survolé Mercure pour la dernière fois le 8 janvier 2025 à une altitude de seulement 295 kilomètres. Cet ultime survol marque la fin d’une série de manœuvres gravitationnelles nécessaires pour ralentir la sonde et la guider vers son orbite polaire autour de Mercure, prévue pour le 21 novembre 2026.
Ces survols ont non seulement permis d’affiner la trajectoire de la sonde, mais aussi de collecter des données précieuses. « Les six survols de Mercure ont offert des informations fascinantes sur cette planète encore peu explorée, » a déclaré Geraint Jones, un scientifique du projet BepiColombo à l’ESA. « Nous avons hâte de percer davantage de mystères une fois la mission principale commencée. »
Des cratères mystérieux et des températures extrêmes
L’un des points forts des images récemment capturées est la vue des cratères situés à la frontière entre le jour et la nuit, connue sous le nom de ligne du terminateur. Ces zones plongées en permanence dans l’ombre suscitent un grand intérêt scientifique, car elles abritent certaines des régions les plus froides du Système solaire, malgré la proximité de Mercure avec le Soleil.
Ces cratères, comme ceux de Prokofiev, Kandinsky et Tolkien, pourraient contenir de la glace d’eau protégée des rayons solaires. Son étude permettra d’explorer l’origine des ressources volatiles sur Mercure, une planète réputée pour son environnement extrême.

Une surface étonnamment sombre
Bien que les images montrent une surface brillante sous certains angles, Mercure reflète en réalité moins de lumière que la Lune. Ce faible albédo est dû à l’altération chimique de sa surface au fil des milliards d’années. Cependant, des zones brillantes identifiées sur les images indiquent des régions où des matériaux plus jeunes ou récemment exposés se trouvent à la surface.
Ces matériaux proviennent soit d’une activité volcanique, soit de l’impact d’astéroïdes. Par exemple, le cratère Fonteyn, formé il y a environ 300 millions d’années, est entouré de débris brillants qui témoignent de l’énergie dégagée lors de son impact.
Des plaines volcaniques et des structures géologiques uniques
Les images révèlent également les vastes plaines volcaniques de Borealis Planitia, situées près du pôle nord de Mercure. Ces plaines, formées par des éruptions de lave il y a environ 3,7 milliards d’années, recouvrent de nombreux cratères plus anciens. Leur surface est marquée par des rides créées lorsque la planète s’est contractée en refroidissant.
Parmi les structures géologiques intrigantes figurent le cratère Mendelssohn et la faille de Nathair, un évent volcanique de 40 kilomètres de large qui a connu au moins trois éruptions majeures, laissant des dépôts couvrant une zone de 300 kilomètres. Ces formations témoignent de l’activité volcanique passée de la planète.
Le bassin Caloris et une coulée de lave énigmatique
Les nouvelles images mettent également en évidence le bassin Caloris, le plus grand cratère d’impact de Mercure, d’un diamètre de plus de 1 500 kilomètres. À proximité de ce bassin se trouve une coulée de lave en forme de boomerang, connectée à un creux profond. Sa composition semblable à celle du bassin Caloris et de Borealis Planitia soulève des questions sur l’origine de ces matériaux. Les scientifiques espèrent que BepiColombo pourra déterminer si cette coulée provient de l’intérieur du bassin ou si elle y a été projetée par une activité géologique.

Une mission riche en promesses
En orbite autour de Mercure, BepiColombo analysera la composition chimique des matériaux de surface pour mieux comprendre les processus qui assombrissent la planète avec le temps. Les instruments à bord permettront également d’étudier les effets de l’environnement solaire intense sur sa géologie et son atmosphère.
Alors que la mission principale débutera en 2026, les survols ont déjà fourni des indices précieux sur l’histoire complexe de cette planète. « Chaque survol nous rapproche un peu plus de la compréhension des mystères de Mercure, » conclut Frank Budnik, responsable de la dynamique de vol de BepiColombo. Avec des observations aussi prometteuses, la sonde ouvre une nouvelle ère d’exploration pour cette planète fascinante.