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Doit-on mieux gérer les sols pour une meilleure capacité de stockage de CO2 ?

Selon une société privée, améliorer les techniques agricoles à l’échelle globale permettrait de stocker pas moins de 31 gigatonnes de CO2 supplémentaires par an dans les sols. Évidemment, même si tel est le cas, une réduction des émissions de gaz à effet de serre reste indispensable.

L’importance du stockage du CO2 par les sols

Les espoirs de limiter le réchauffement global à 1,5 °C semblent de plus en plus irréalistes. En 2022 par exemple, les émissions de carbone fossile ont fortement augmenté après la reprise post-Covid pour atteindre un nouveau sommet. Aussi, à défaut de réduire les émissions, les solutions artificielles pour stocker le carbone se multiplient. Elles devraient d’ailleurs devenir un énorme marché mondial d’ici sous peu.

Toutefois, il ne faut pas oublier que le stockage de carbone se fait également de manière naturelle. Or, il est important de rappeler que les sols contiennent trois fois plus de carbone que l’atmosphère ou la végétation, un fait démontré par plusieurs études scientifiques. En 2018, l’ONG Réseau Action Climat estimait à 3 421 gigatonnes (Gt) la quantité de carbone organique dans les sols. Rappelons au passage que cette capacité résulte d’une différence positive entre les quantités entrantes et sortantes de matière organique.

La communauté scientifique estime également que ce stockage naturel du carbone ne suffira pas sur le long terme. En effet, l’humanité émet en permanence des quantités importantes de gaz à effet de serre (du CO2, du méthane et des oxydes d’azote) à travers différents secteurs d’activités tels que les industries, les transports, l’agriculture et l’élevage. Et s’il était possible d’améliorer le stockage de CO2 dans les sols ?

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Une estimation intéressante, mais invérifiable

Downforce Technology est une société qui commercialise des données à propos des sols aux agriculteurs. À sa tête, Jacqueline McGlade s’est exprimée dans un article publié par le quotidien britannique The Guardian le 4 juillet 2023. Elle y estime que mettre en place certaines pratiques dans l’agriculture permettrait d’augmenter de 1 % le stockage du CO2 dans la moitié des sols. Or, cela devrait permettre d’augmenter cette capacité de 31 Gt de CO2 par an, et donc de compenser les émissions résiduelles et maintenir l’augmentation de la température en dessous de 1,5 °C.

Parmi les pratiques évoquées par Downforce Technology, nous retrouvons une modification de la rotation des cultures, plus précisément l’inclusion d’une période de couverture végétale (ex. : trèfle). Citons également la possibilité de faire pousser davantage d’espèces végétales locales et de planter des haies. Le semis direct, c’est-à-dire la plantation de graines sans avoir à labourer le sol, est également au programme.

Cependant, les estimations de Downforce Technology sont à prendre avec des pincettes. En effet, le rapport évoqué par The Guardian ne semble pas disponible, si bien que les méthodes ayant permis l’estimation sont par conséquent invérifiables, en tout cas pour l’instant. En attendant, la possibilité d’adopter des formes d’agriculture plus respectueuses des sols est sans conteste une bonne idée. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue un fait important : le principal moyen de lutter contre le réchauffement climatique est de réduire les émissions de GES en général.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.