Après avoir mené des tests sur différents rongeurs, des chercheurs japonais ont dévoilé un médicament dont l’objectif final est de faire repousser les dents humaines. Ce médicament à base d’anticorps monoclonal permettrait en effet de les régénérer.
Neutraliser un gène en particulier
Pour chaque humain, les dents poussent deux fois. En effet, les dents de lait font leur apparition et se développent de quatre mois à trois ans. Ensuite, vers l’âge de six ans, elles tombent et laissent progressivement place à des dents définitives. Toutefois, lorsque certaines dents définitives sont extraites, en cas de carie grave ou de pose d’appareil dentaire par exemple, la repousse naturelle n’est plus possible. C’est pour cette raison que les dentistes recommandent l’extraction seulement en dernier recours. Dans quelques années, cela pourrait toutefois changer. Des chercheurs de l’Université de Kyoto (Japon) ont mené des travaux très particuliers, comme en témoigne un communiqué. Ils ont en effet élaboré un traitement à base d’anticorps capable de déclencher une régénération des dents. Comment ce médicament fonctionne-t-il ?
Katsu Takahashi, le principal auteur de l’étude, affirme que le gène Usag-1, qui code une protéine du même nom, joue un rôle dans la croissance des dents. Or, cette protéine interagit avec les voies de signalisation BMP et Wnt qui modulent la croissance de nombreux organes et tissus dans l’organisme, notamment les dents. La protéine Usag-1 réprime ainsi le développement des dents et évite donc l’apparition de dents « en trop ». Il n’est donc pas surprenant de constater que les personnes déficientes en Usag-1 présentent un nombre anormalement élevé de dents. Ainsi, ces travaux ont émis l’hypothèse que la neutralisation du gène Usag-1 pourrait déclencher une régénération de la dentition.

Des tests sur des humains en 2024
Afin de stopper l’influence du gène en question, les scientifiques ont développé des anticorps monoclonaux avant de les injecter à des souris gestantes. L’objectif était d’étudier la dentition des petits, mais les anticorps ont causé chez ces derniers une baisse des taux de naissance et de survie. Cela a permis de confirmer le rôle crucial des voies de signalisation BMP et Wnt dans le développement du corps d’une manière générale. Ainsi, les chercheurs ont décidé d’abandonner les anticorps influençant directement les molécules BMP et Wnt.
Malgré cet échec, un des anticorps monoclonaux s’est tout de même révélé capable de modifier la relation entre la protéine Usag-1 avec la seule molécule BMP. Or, cette voie de signalisation est très importante dans la détermination du nombre de dents, en tout cas chez les souris. Les premiers essais ont permis la repousse des incisives maxillaires et mandibulaires et d’une molaire mandibulaire. D’autres essais sur des furets ont par ailleurs donné des résultats similaires.
Katsu Takahashi prévoit de premiers tests sur des humains en 2024. Cependant, d’autres essais devront d’abord être menés sur d’autres animaux comme des cochons et des chiens. Si ces recherches aboutissent réellement, cette méthode pourrait permettre de traiter l’anodontie, une anomalie congénitale chez l’humain qui concerne environ 1 % de la population mondiale liée à une absence partielle ou totale de dents naturelles.