Coral Biome, une start-up française, exploite les molécules à visée thérapeutique des espèces de coraux, lesquels ont « développé un véritable arsenal chimique qui a été peaufiné au fil du temps ». L’une de ces molécules semble offrir des résultats prometteurs sur l’activité anticancéreuse.
C’est sur le campus de Luminy, dans les calanques de Marseille, que sont installées les fermes de coraux de la start-up Coral Biome, fondée en 2011, où sont élevées plus d’une centaine d’espèces. Leur but ? Identifier et exploiter les molécules à visée thérapeutique issues de ces coraux.
Parmi toutes ces molécules, la start-up se concentre sur l’activité anticancéreuse de la palytoxine. Il s’agit d’une molécule produite par une espèce de Palythoa, un corail mou qui pousse en Floride. « Cette toxine est sécrétée dans le mucus de l’animal et lui sert à se défendre contre les prédateurs et à tuer ses proies », commente Carole Valenti, la pharmacienne du groupe, chargée de transformer la palytoxine en médicament anticancéreux. Au regard des premiers tests effectués, la palytoxine semble très prometteuse pour agir contre une forme de cancer rare n’ayant actuellement pas de traitement efficace. Ce type de cancer n’est pas communiqué par l’entreprise pour des raisons de confidentialité.
La bonne nouvelle, c’est déjà l’abondance de ce corail. « Le Palythoa c’est un peu le chiendent de la mer, il est facile à trouver, se cultive assez facilement et pousse assez vite », explique Andréa Meriot, qui gère les aquariums, relayée par Sciences & avenir. Des recherches durables et qui préservent les stocks de coraux, fortement menacés par le réchauffement climatique, sont donc possibles.
Il a ensuite fallu extraire la toxine, puis la purifier et la caractériser. « Lors des tests in vitro nous avons constaté que la palytoxine était efficace à des doses infinitésimales sur 56 lignées cancéreuses avec un différentiel de toxicité extrêmement favorable », commente Sandrine Courtès, directrice scientifique de Coral Biome. Parmi les souches cancéreuses testées, certaines provenaient de cancers du poumon, de la peau, de leucémies et aussi donc de ce cancer rare non communiqué sur lequel se concentre Coral Biome. « Nous avons choisi de développer cette application car ce cancer est incurable et nous espérons être les premiers à en proposer un traitement », ajoute-t-elle.
Après ces tests in vitro, une série de tests in vivo a été lancée sur des souris, dans le cadre d’un partenariat avec une UMR (Unité mixte de recherche) spécialisée sur cette pathologie, avec des résultats très positifs. Les souris traitées avec une administration unique à une dose non toxique ont vu leur survie doubler et des injections répétées ont conduit à une rémission avec disparition des symptômes et de la tumeur chez 75 % des rongeurs. Des premiers tests sur les êtres humains sont à envisager pour l’année 2021.