Mars Perseverance
Photo de Mars prise par Perseverance le 31 mars 2022. Crédits : NASA/JPL-Caltech/ASU

Mauvaise nouvelle pour la vie sur Mars ?

Mars n’est aujourd’hui qu’un désert sec et aride. Cependant, les nombreuses preuves géologiques suggèrent que de l’eau coulait sur la surface de la planète rouge il y a des milliards d’années. Cette eau aurait alors pu offrir un environnement propice à la vie telle que nous la connaissons. Mais cette vie a-t-elle eu le temps d’apparaître et de se développer ? Une étude jette le doute.

Comment Mars a-t-elle perdu toute son eau ?

Comparée à la Terre, Mars est petite et moins massive. De ce fait, la planète a développé un champ gravitationnel limité. Cette caractéristique a eu des conséquences significatives : une grande partie du diazote présent dans son atmosphère s’est en effet échappée rapidement. La planète s’est alors refroidie rapidement, entraînant alors la solidification de son noyau qui était autrefois liquide. Par conséquent, Mars a perdu son champ magnétique.

Sans champ magnétique pour la protéger, Mars était alors exposée au vent solaire, ce qui a entraîné une érosion progressive de son atmosphère. En même temps, l’activité volcanique a diminué, car les volcans agissent comme des déversoirs pour libérer l’excès d’énergie. La baisse de cette activité a finalement empêché la libération de gaz, notamment du dioxyde de carbone, essentiel pour maintenir une atmosphère dense.

Le manque de diazote et de dioxyde de carbone supplémentaire a donc entravé le renouvellement de l’atmosphère martienne. Les gaz restants ont de leur côté fini par se dissoudre dans l’eau liquide, ce qui a entraîné une diminution de la pression atmosphérique. Or, une pression atmosphérique plus faible rend difficile le maintien de l’eau à l’état liquide. Par conséquent, l’eau martienne s’est progressivement transformée en vapeur. Les radiations solaires ont ensuite contribué à la décomposition de ces molécules d’eau dans la haute atmosphère.

Les scientifiques pensaient que l’eau liquide avait cependant coulé à la surface de Mars pendant des périodes prolongées, peut-être même sur des millions d’années. Cette idée était basée sur diverses observations géologiques, telles que la présence de réseaux de vallées, de rivières fossiles et de lits de lacs asséchés, ainsi que sur des preuves de minéraux formés en présence d’eau. Ces observations étaient donc de bon augure pour la vie. Toutefois, de nouvelles recherches remettent en question cette notion.

Un passé humide plus court que prévu

Des données récentes obtenues à partir de simulations en laboratoire et d’observations sur le terrain indiquent que les ravins observés sur Mars pourraient être le résultat de processus tels que l’évaporation explosive de glace de dioxyde de carbone, plutôt que de l’action de l’eau liquide sur de longues périodes.

Cette hypothèse repose sur l’idée que lors des hivers martiens, le dioxyde de carbone présent dans l’atmosphère se solidifie et forme de la glace de dioxyde de carbone. Lorsque les températures augmentent avec l’arrivée du printemps, cette glace peut sublimer directement en gaz, sans passer par l’état liquide. Ce processus est particulièrement explosif en raison de la faible pression atmosphérique sur Mars, ce qui entraîne alors la formation de flux de matière similaires à des coulées de débris observées sur Terre.

Mars eau
Des ravins sur Mars avec de la glace de dioxyde de carbone sur leurs bords. Crédits : HiRISE (High Resolution Imaging Experiment)

Les chercheurs ont simulé ces conditions en laboratoire pour mieux comprendre le processus de sublimation de la glace de dioxyde de carbone dans un environnement martien simulé. Leurs expériences ont révélé que ce processus pouvait façonner le paysage martien de manière similaire à l’action de l’eau, ce qui remet en question l’origine de certains des ravins observés sur la planète rouge.

Cette découverte a des implications importantes pour la recherche de vie sur la planète. Elle suggère en effet que les périodes pendant lesquelles Mars aurait pu soutenir des conditions favorables à la vie, du moins à la surface, auraient pu être plus courtes que prévu précédemment. Bien sûr, cela ne signifie pas que Mars était complètement dépourvue d’eau, mais simplement que son rôle dans la formation du paysage pourrait avoir été moins significatif que prévu.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue .

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.