Il y a un demi siècle, l’armée américaine a tué des milliers de moutons à l’arme chimique

masque à gaz
Crédits : solarseven / iStock

L’humanité s’est rendue coupable de nombreuses histoires macabres. Parmi ces dernières, relatons la mort de 6 000 moutons tués à l’arme chimique dans l’ouest des États-Unis il y a une cinquantaine d’années.

Un site de tests pour des armes terrifiantes

Les animaux sont parfois victimes de véritables hécatombes. En 2016, 323 rennes ont perdu la vie dans un parc national de Norvège en raison de violents orages. Citons également la mort de plus de 350 éléphants en 2020, dans le delta de l’Okavango au Botswana, possiblement sous l’effet d’une toxine naturelle. Néanmoins, c’est parfois l’homme qui se rend coupable de ce genre d’hécatombe, comme l’explique le Smithsonian Magazine avec une histoire faisant froid dans le dos.

Le 14 mars 1968, le shérif de Tooele (Utah, États-Unis) Fay Gillette découvre des cadavres de moutons jusqu’à perte de vue dans les plaines de Skull Valley. Dans la nuit, pas moins de 6 000 individus ont en effet perdu la vie et rapidement, une base de l’US Army a été pointée du doigt : le Dugway Proving Ground. Cette base activée par le président Franklin D. Roosevelt en 1942 avait pour objectif de tester les armes les plus terrifiantes qu’imaginait l’armée dans le désert de l’Utah. Parmi l’arsenal en question, nous retrouvons des lance-flammes, des bombes incendiaires ainsi que des armes chimiques.

À l’époque, l’armée américaine développait une arme nommée VX, semblable au célèbre gaz sarin, mais plus mortelle encore. Il s’agit d’un agent innervant, c’est-à-dire capable de bloquer les transmissions nerveuses en cas d’absorption. Cela occasionne une contraction de l’intégralité des muscles du corps, puis la mort en quelques secondes par asphyxie ou arrêt cardiaque. Par ailleurs, il faut savoir que le VX est mortel à très faible dose : à partir de 10 mg. En 2017, le VX a fait la une des médias à l’évocation d’une possible utilisation dans la mort du demi-frère du dictateur nord-coréen Kim Jong-Un.

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Crédits : Roger Davies / Flickr

Une responsabilité jamais admise

Si les autorités ont tout d’abord rejeté la responsabilité de la mort des 6 000 moutons de Skull Valley, des tests scientifiques ont ensuite désigné le VX comme étant la cause de l’hécatombe. La vérité n’a jamais été révélée, mais la théorie la plus probable est que dans la nuit du 13 mars 1968, les réservoirs d’un avion effectuant des tests ont dysfonctionné. Ainsi, le largage du VX se serait fait à une altitude plus élevée que prévu et un orage aurait transporté l’agent chimique sur de grandes distances. Ainsi, l’absence de victimes humaines relève du miracle.

Malgré son silence, l’US Army a dédommagé le fermier propriétaire de 90 % du bétail à hauteur de 376 000 dollars. L’armée a également pris en charge l’enterrement des bêtes. Néanmoins, l’affaire a fait grand bruit et a alimenté de nombreux débats sur les armes chimiques. Or, des protestations citoyennes concernaient déjà leur utilisation durant la guerre du Vietnam (1955-1975).

Comme l’expliquait Business Insider en mai 2021, l’armée américaine a à présent terminé la destruction de son stock de VX. De plus, les États-Unis se sont engagés à éliminer toutes leurs armes chimiques d’ici la fin de l’année 2023.