Récemment, des militants écologistes ainsi que des pêcheurs ont manifesté contre l’Annelies Ilena dans le port de Saint-Malo. Ce navire pas comme les autres est l’un des plus grands chalutiers pélagiques au monde. Son impact écologique et son histoire tumultueuse alimentent la controverse.
Une capacité de 400 000 kilos de poisson par jour
Il y a peu, nous évoquions une infographie qui détaille les différents impacts négatifs du chalut de fond, une technique de pêche qui a très mauvaise réputation. Or, le document reprenait les chiffres d’une étude publiée par l’ONG Bloom le 24 janvier 2024. Quelques semaines plus tard, cette même association a appelé à manifester le jeudi 15 février à la sous-préfecture de Saint-Malo contre l’un des plus grands chalutiers pélagiques au monde : l’Annelies Ilena.
Il s’agit d’un navire-usine capable de capturer 400 000 kilos de poisson par jour et de stocker sept millions de kilogrammes de marchandises. Par ailleurs, avec une longueur de 144,6 mètres pour une largeur de 24 mètres, le chalutier est trop volumineux pour entrer dans le port de Saint-Malo. Autrement dit, le poisson pêché sera débarqué aux Pays-Bas avant d’être acheminé dans la ville française en camion.

Un chalutier à l’histoire tumultueuse
Auparavant, le navire en question se nommait Atlantic Dawn et avait été immatriculé en Irlande en 2002. Cette manœuvre avait permis pendant un temps d’obtenir des licences de pêche temporaires en tant que navire marchand et ainsi de contourner les lois européennes qui l’empêchent d’utiliser sa pleine capacité. La même année, un accord fut conclu avec la Mauritanie pour un droit d’exploitation intensive de ses eaux durant neuf mois par an. Après cinq années de pillage, l’Atlantic Dawn, surnommé « le navire de l’enfer » par les locaux, est finalement chassé du pays.
En 2007, l’Atlantic Dawn est racheté par le géant néerlandais Parlevliet & van der Plas, puis rebaptisé Annelies Ilena. Quelques années plus tard, cette société s’est intéressée à nouveau à la Mauritanie et a conclu un nouvel accord jusqu’en 2027, pour un droit de pêche estimé à 225 millions de kilos de poissons. Tout récemment, les droits du chalutier ont été cédés à la Compagnie des pêches de Saint-Malo qui a financé l’installation d’une unité de production de surimi à bord. Ainsi, le poisson pêché sera transformé dans le bateau mouillant aux Pays-Bas avant d’être acheminé par la route vers l’unité de transformation.
Pour protester, les manifestants ont déployé une chaîne humaine de 600 mètres, soit autant que la taille de l’énorme filet de l’Annelies Ilena. Destruction de l’océan, bilan carbone désastreux, mauvaise répartition des quotas de pêche et moins d’emplois créés par ce type de navire… toutes ces raisons font en effet de très nombreux mécontents.
