Manger des légumes est un conseil que l’on entend partout pour rester en bonne santé. Riches en vitamines, minéraux et fibres, ces aliments sont la pierre angulaire d’une alimentation équilibrée. Pourtant, une étude récente réalisée par des chercheurs espagnols vient bousculer cette idée simple en révélant un effet méconnu, mais préoccupant : les régimes riches en légumes pourraient fragiliser l’émail de nos dents. Cette couche protectrice, qui est la substance la plus dure de notre corps, pourrait en effet être progressivement usée par des particules microscopiques contenues dans les plantes. Que faut-il retenir de ces découvertes ? Quel est le mécanisme à l’œuvre ? Et comment préserver sa santé dentaire tout en continuant à profiter des bienfaits des légumes ? On fait le point.
L’émail dentaire, un bouclier fragile malgré sa dureté
L’émail est la couche extérieure des dents, conçue pour protéger la dentine et la pulpe, qui sont plus sensibles et vitales. C’est la substance la plus dure de notre organisme, surpassant même la solidité de l’acier. Pourtant, cette dureté n’est pas synonyme d’invulnérabilité. L’émail peut s’user sous l’effet de diverses agressions. Les bactéries buccales produisent des acides capables de dissoudre cette couche protectrice, provoquant caries et sensibilités. Mais l’érosion mécanique est un autre facteur important, moins connu du grand public. C’est ici qu’interviennent les phytolithes, ces grains de silice microscopiques naturellement présents dans les cellules des plantes.
Phytolithes : quand les plantes deviennent abrasives
Dans leur étude, les scientifiques de l’Universitat Politècnica de València ont voulu comprendre comment ces particules affectaient l’émail. Pour cela, ils ont créé des feuilles artificielles incrustées de phytolithes et les ont frottées sur des dents humaines dans des conditions contrôlées.
Les résultats sont frappants : ces minuscules grains de silice provoquent une usure durable de l’émail, qui ne se traduit pas forcément par des fissures visibles, mais par une déformation structurelle quasi-plastique.
Autrement dit, la structure interne de l’émail subit des microfractures et des déplacements permanents qui le fragilisent durablement. Fait intéressant, les phytolithes eux-mêmes s’abîment pendant le processus, ce qui montre que cette abrasion est un effet mutuel.
Les risques pour la santé bucco-dentaire
Cette usure progressive de l’émail a des conséquences concrètes. Une fois l’émail fragilisé ou partiellement perdu, la dent devient plus sensible aux variations de température, aux aliments sucrés ou acides, et plus exposée aux caries. La coloration des dents peut également s’accentuer, nuisant à leur esthétique. Contrairement à d’autres tissus du corps, l’émail ne se régénère pas naturellement. Lorsqu’il est endommagé, il ne repousse jamais. Le dentiste ne peut alors que poser des protections artificielles, comme des couronnes, pour éviter une détérioration plus grave. C’est pourquoi la prévention et la compréhension des facteurs d’usure sont primordiales.
Manger des légumes sans sacrifier ses dents : conseils pratiques
Ces résultats ne signifient pas qu’il faut arrêter de manger des légumes, loin de là. Ils restent indispensables à notre santé globale. En revanche, il est important d’adopter des habitudes qui protègent l’émail face à cette usure mécanique. Le brossage des dents doit être quotidien, avec une brosse à dents souple et un dentifrice au fluor, pour renforcer la surface dentaire. L’utilisation régulière du fil dentaire aide aussi à éliminer la plaque et les bactéries. Par ailleurs, limiter la consommation de boissons acides, ou les boire avec une paille pour éviter le contact direct avec les dents, est un geste simple et efficace. Boire suffisamment d’eau tout au long de la journée maintient également l’équilibre de la salive, qui joue un rôle protecteur naturel.
Pour ceux qui souffrent de bruxisme (grincement des dents pendant le sommeil), le port d’un protège-dents est également fortement recommandé. Cette mesure évite une usure mécanique supplémentaire, souvent invisible mais très dommageable sur le long terme.
