Des colonies de manchots empereurs inconnues jusqu’alors trahies par leurs excréments

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Cette image satellite de Cape Gates prise avec le Sentinel-2 en 2016 révèle des crottes de pingouin (taches sombres). Crédits : satellite Copernicus Sentinel-2 de la Commission européenne

Sur des images satellites, des chercheurs ont repéré des tâches d’excréments trahissant la présence de colonies de manchots empereurs inconnues jusqu’alors.

Il est difficile d’estimer le nombre de manchots empereurs vivant en Antarctique. En effet, ces animaux se reproduisent dans des lieux très froids, éloignés et difficiles d’accès. Pour ces raisons, les chercheurs s’appuient parfois sur les images satellites offrant une vue d’ensemble de ce vaste territoire gelé.

Récemment, des scientifiques de la British Antarctic Survey (BAS) ont analysé des images prises en 2016, 2018 et 2019 par les satellites Copernicus Sentinel-2 de l’Agence spatiale européenne. Ces images ont alors révélé la présence de pixels sombres. Ces derniers représentaient en réalité des tapis d’excréments (ou guano) de manchots.

Grâce à ces matières fécales vues depuis l’espace, huit nouvelles colonies de manchots empereurs ont pu être identifiées, et trois autres précédemment isolées ont pu être confirmées. Les chercheurs, qui détaillent leurs travaux dans la revue Remote Sensing in Ecology and Conservation, évoquent à la fois « une bonne et une mauvaise nouvelle« .

Des effectifs en plus chez les manchots

C’est une bonne nouvelle, dans la mesure où les manchots empereurs sont menacés. On estimait à environ 500 000 le nombre de ces oiseaux empereurs dans le monde jusqu’alors. Le problème, c’est qu’ils dépendent de la banquise pour survivre. Pour échapper aux prédateurs, d’une part, mais aussi pour mettre bas pendant l’hiver ou encore élever les petits au printemps.

Malheureusement, ces terres glacées se recomposent de moins en moins à cause du réchauffement des températures. Ces oiseaux essuient alors des échecs de reproductions qui pourraient au final bien condamner leur espèce. D’après une étude publiée récemment, les manchots empereurs pourraient en effet disparaître avant 2100.

Le fait d’isoler de nouvelles colonies est donc positif, dans la mesure où elles impliquent des effectifs à la hausse. D’après l’étude, il y aurait désormais en Antarctique 61 colonies recensées, et jusqu’à 10% de manchots empereurs en plus que ce que nous pensions. Cela représente environ 55 000 oiseaux supplémentaires.

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Crédits : Pixabay

Des colonies fragilisées

C’est également une mauvaise nouvelle, dans la mesure où ces nouvelles colonies se situent dans des zones déjà fragilisées par le réchauffement climatique.

Certaines de ces colonies étaient en effet situées à près de 180 kilomètres au large des côtes, sur de la glace de mer formée autour d’icebergs qui s’étaient échoués dans des eaux peu profondes. Si c’est la première fois que des manchots empereurs sont observés en train de reproduire aussi loin du rivage, suggérant la présence de nouveaux habitats de reproduction potentiels, ces zones se situent en revanche très au nord.

Autrement dit, ils se trouvent dans des zones plus chaudes susceptibles de fondre plus rapidement.

Ces sites de reproduction nouvellement identifiés verront donc probablement leur population décliner au cours de ces prochaines années. « Il sera donc important de les surveiller de près« , souligne Phil Trathan, principal auteur de ces travaux.