Une ancienne créature nommée en l’honneur d’un grand personnage de Tolkien

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Conacodon hettingeri, Miniconus jeanninae et Beornus honeyi. Crédits : Banana Art Studio

Une équipe de paléontologues décrit la découverte d’une nouvelle espèce de mammifère dans le Wyoming (États-Unis) évoluant à l’époque du Paléocène. Les chercheurs ont nommé l’espèce en l’honneur de Beorn, un personnage du roman Le Hobbit de J. R. R. Tolkien. Les détails de l’étude sont publiés dans le Journal of Systematic Palaeontology.

Au cours de leur quête pour atteindre la montagne solitaire dans « Le Hobbit« , de JRR Tolkien (1937), Bilbon et sa compagnie de nains croisent un « changeur de peau » nommé Beorn. « Parfois, c’est un énorme ours noir, parfois un homme fort et de grande taille avec d’immenses bras et une longue barbe« , souligne alors Gandalf. Qu’il prenne la forme de l’un ou de l’autre, toujours est-il que Beorn reste un géant comparé à de nombreuses autres créatures.

Une nouvelle créature hirsute « au-dessus des autres »

Ce personnage a récemment inspiré le baptême d’une nouvelle espèce de mammifère ancien évoluant sur Terre à l’époque du Paléocène, il y a 65 à 23 millions d’années. Elle appartenait à l’ordre des Condylarthres qui regroupe les ancêtres de nombreux ongulés modernes comme les chevaux ou les rhinocéros.

Cette créature hirsute nommée Beornus honeyi n’était pas très grande comparée aux standards modernes. L’analyse des fossiles de sa mâchoire inférieure, retrouvés dans le bassin Great Divide (sud du Wyoming), suggère en effet qu’elle n’était pas plus grosse qu’un chat domestique. En revanche, tous les autres représentants de son ordre, qui parcouraient l’Amérique du Nord à son époque, ne dépassaient pas la taille d’un rat.

« J’ai toujours été un grand fan de Tolkien et il existe une tradition de longue date consistant à nommer les premiers mammifères du Paléocène d’après les personnages de Tolkien« , explique Madelaine Atteberry, de l’Université du Colorado. « J’ai choisi Beornus honeyi en raison de la grande taille de ses molaires extra-larges et de son apparence « gonflée » par rapport aux autres mammifères de cette période« .

Comme d’autres Condylarthres, Beornus honeyi utilisait ses dents plates pour broyer principalement des plantes.

Beornus honeyi tolkien
Beorn, personnage du roman Le Hobbit de J. R. R. Tolkien, sous sa forme d’ours durant la bataille des Cinq Armées. Beornus honeyi  était loin d’être aussi gros (il est visible en photo d’en-tête), mais il en imposait tout de même comparé aux autres membres de sa famille. Crédits : JMKilpatrick.

Plus de diversité qu’on ne le pensait

Dans cette même étude, les chercheurs détaillent également la découverte de deux autres nouvelles espèces sur le même site fossilifère : Conacodon hettingeri et Miniconus jeanninae. Les deux étaient étroitement apparentées à Beornus honeyi, mais ils étaient plus chétifs.

Ces nouvelles espèces pourraient nous amener à repenser l’histoire des premiers mammifères ayant évolué en Amérique du Nord après l’extinction des dinosaures. Des études antérieures concentrées sur les 320 000 premières années suivant l’extinction Crétacé-Paléogène, il y a environ 66 millions d’années, suggèrent en effet que les mammifères se rétablissaient toujours à cette époque et que des familles individuelles comme les condylarthres se diversifiaient très lentement.

« Cependant, la première faune du Paléocène, identifiée dans le Great Divide Basin du Wyoming, raconte une autre histoire« , souligne Madelaine Atteberry. « Il a plus de diversité que ce que nous pensions, ce qui suggère que nous ne devrions pas généraliser le rétablissement des mammifères après l’extinction des dinosaures« .