Le stress d’une maman peut-il avoir des conséquences sur les cellules de son bébé ?

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Crédits : Pixabay / szymonpacek

Comment le stress affecte-t-il nos cellules ? Ce stress peut-il être communicatif, au niveau cellulaire ? Une récente étude concentrée sur les télomères suggère qu’un état dépressif chez une mère pourrait se répercuter sur les cellules de son enfant, affectant son bien-être physique.

Les télomères sont des sortes de petits bouchons que vous retrouverez au bout des brins de notre ADN qui protègent les chromosomes. On pourrait les comparer aux embouts en plastique à l’extrémité de nos lacets, empêchant ces derniers de s’effilocher. En substance, ces bouchons en plastique maintiennent les lacets dans un état fonctionnel, et c’est un peu la même chose pour les télomères. Leur longueur est affectée par notre génétique et notre âge, et à mesure qu’ils raccourcissent avec le temps, nous sommes alors plus sujets aux problèmes de santé. La question qui nous intéresse ici est la suivante : le stress psychologique ressenti par une mère peut-il affecter la longueur des télomères de son enfant en bas âge, et donc influencer son bien-être physique pour le reste de sa vie ?

Il s’avère en effet que les télomères peuvent se dégrader plus rapidement lorsqu’une personne souffre d’un stress psychologique. Nos facultés d’apprentissage, notre mémoire et nos réactions émotionnelles peuvent être influencées par le cortisol. Il s’agit d’une hormone libérée lorsque le corps témoigne d’un état de stress. Les cellules exposées au cortisol ont des télomères plus courts et présentent également moins de télomérase, l’enzyme responsable du maintien des extrémités des télomères. Ceci explique notamment pourquoi un état de stress psychologique se convertit rapidement en sorte « d’usure biologique ». Partant de ce principe, une équipe de chercheur de l’Université de l’Oregon a tenté de déterminer si l’augmentation des symptômes dépressifs maternels affectait le stress infantile et la santé cellulaire ultérieure de leurs enfants.

Pour cette étude, les chercheurs ont donc examiné comment les nourrissons réagissaient au stress de leurs parents. Ils ont pour ce faire recruté 48 mères avec des nourrissons âgés de 12 semaines, et ont suivi ces familles jusqu’à ce que les nourrissons aient 18 mois. Les bébés ont été menés en laboratoire pour effectuer des tâches stressantes à 6 et 12 mois. Par exemple, l’une de ces expériences consistait pour les mamans à alterner entre le fait de jouer avec le bébé et ne pas réagir à ses demandes d’attention. Cela peut en effet déclencher un stress chez les nourrissons, ces derniers comptant sur leur mère non seulement pour les nourrir, mais aussi pour apaiser leurs émotions.

Lors de chaque visite, les chercheurs ont recueilli des informations sur le nombre de symptômes dépressifs ressentis par les mères. Puis des échantillons de salive des nourrissons ont alors été prélevés afin de mesurer leur stress et observer les changements des niveaux de cortisol. Enfin, lorsque les nourrissons ont fêté leurs 18 mois, les chercheurs ont de nouveau prélevé de la salive pour mesurer la longueur des télomères. Effectivement, il s’est alors avéré que plus il y avait de symptômes de dépression chez les mères, plus les niveaux de cortisol étaient élevés chez les nourrissons âgés de 6 à 12 mois. Par ailleurs, plus les niveaux de cortisol étaient élevés, plus courts étaient les télomères à l’âge de 18 mois, ce qui indique une plus grande usure cellulaire.

Ces résultats ne sont pour l’heure que préliminaires, et devront être reproduits avec un plus grand nombre de nourrissons, mais ils soulignent effectivement le fait qu’un stress psychologique maternel a un réel impact au niveau cellulaire sur l’enfant. Par ailleurs, on estime que 1 femme sur 9 présente des symptômes de dépression post-partum. Il convient dès lors de fournir des services de traitement abordables – et scientifiquement approuvés – aux mères souffrant de dépression, tout en favorisant des expériences positives entre les bébés et leurs mères. Cela pourrait donc permettre aux nourrissons d’adopter une trajectoire de vie plus saine.

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