Malheureusement, les microplastiques ont aussi atteint la mer profonde

Crédits : Public Domain Pictures

Les continents de plastiques sont explorés depuis leur identification dans chaque océan de la planète. Cependant, il n’y a quasiment aucune étude qui traite des quantités de plastique dans les zones océaniques hors gyres océaniques.

L’homme produit 260 millions de tonnes de plastique par an, dont 10% qui se retrouvent dans les océans. Une partie de ces déchets sont rejetés directement en mer par les bateaux (pêche – navires), mais 80% proviennent de la terre, due aux activités de tourisme (débris laissés sur les plages) et industrielles.

Les océans, qui couvrent 70% de la surface du globe, sont animés par des courants marins. La combinaison de ces courants induit les gyres océaniques. Il en existe cinq, dans l’atlantique nord et sud, le pacifique nord et sud ainsi qu’une dans l’océan Indien, soit tout autant d’îles (ou continents) de déchets. Il s’agit de zones de vents faibles et de haute pression où les courants s’enroulent dans le sens des aiguilles d’une montre dans l’hémisphère nord, et inversement dans l’hémisphère sud (force de Coriolis).

Cependant, bien que facilement pris dans les gyres océaniques, le plastique serait également présent dans des zones non soumises à leur influence, tandis que le manque d’intérêt de la communauté scientifique à ce sujet a de quoi inquiéter. En effet, 88% de la surface des océans est concernée, selon une étude de 2014 menée par le Centre supérieur de la recherche scientifique (CSIC) de l’université de Cadiz (Espagne).

Quelle proportion de microplastiques se trouve sous l’eau ? Malheureusement, les données disponibles ne sont que très peu nombreuses afin de faire des estimations dignes de ce nom. Selon Richard Lampitt et le Dr Katsia Pabortsava du Centre national d’Océanographie (CNO) de Southampton (Royaume-Uni) :

« Il y a beaucoup d’incertitudes au sujet de la concentration et des caractéristiques des différents types de microplastiques et comment ils évoluent dans le temps et dans l’espace. »

Ces scientifiques sont à l’origine d’une nouvelle étude d’envergure à propos des microplastiques présents dans les espaces océaniques ouverts, en prenant en compte également la profondeur, en partant de la surface jusqu’au fond des océans.

« La mer profonde est considérée comme l’un des principaux puits de débris microplastiques et la mer profonde a aussi une grande biodiversité, mais nous ne savons pas quelle quantité de plastique flotte dans cette partie de l’océan ni la façon dont il peut entrer dans la chaîne alimentaire ou affecter la vie marine » expliquent les chercheurs.

De premiers résultats confirment la présence de microplastiques dans les mille premiers mètres d’une colonne d’eau située au niveau de la Plaine abyssale de Porcupine (large de l’Irlande). De prochains résultats montreront des données relatives aux 3000 mètres de profondeur de cette zone. Ceci permettra l’étude de la pollution plastique sur les deux dernières décennies et un passage en revue des données déjà collectées sur cette période.

Entre septembre et novembre 2016, les chercheurs prévoient de lancer une nouvelle campagne d’étude afin d’effectuer des mesures concernant la concentration de matières plastiques, en ce qui concerne les trois cents premiers mètres de l’intégralité de l’Océan Atlantique. À suivre !

La pollution des océans par le plastique est un véritable fléau, dont les dérives actuelles (et à venir) sont nombreuses. Par exemple, un nouvel écosystème issu du plastique se développe dans les océans et un rapport prévoit qu’il y aura plus de plastique que de poissons dans les océans d’ici 2050.

Sources : Sciences et AvenirL’Obs