Mâle ou femelle ? Un paléontologue remet en question les différences de sexe entre les dinosaures

Crédits : Wikipedia

Un paléontologue du Musée canadien de la nature remet en cause des décennies d’études affirmant que certains dinosaures peuvent être identifiés comme étant des mâles ou des femelles en fonction de la forme et de la taille de leurs os. Aurions-nous eu tort depuis le début ?

Mâle ou femelle ? Le docteur Jordan Mallon, spécialiste des dinosaures au musée canadien de la nature, soutient que les preuves fossiles de ces distinctions chez les dinosaures ne sont pas concluantes et qu’il serait donc peut-être temps de « réécrire les manuels » d’Histoire. Son rapport publié dans la revue Paleobiology se concentre notamment sur le principe biologique du dimorphisme sexuel où les mâles et les femelles d’une espèce peuvent être distingués sur la base de caractéristiques physiques autres que les organes sexuels. Comme la différence de taille entre les singes mâles et femelles par exemple ou les grandes et jolies plumes de la queue du paon mâle qui prennent la forme d’un éventail.

Partant du principe que le dimorphisme est courant dans le règne animal, en particulier chez les crocodiles et les oiseaux, il n’y avait aucune raison de penser que les dinosaures en seraient exempts. Mais est-ce vraiment le cas ? « Je ne dis pas que les dinosaures n’étaient pas dimorphes, je dis qu’il n’existe aucune preuve fossile existante qui suggère qu’ils l’étaient », explique le chercheur.

Après s’être replongé dans des études antérieures attribuant le dimorphisme sexuel aux dinosaures, le paléontologue s’est en effet rendu compte d’une part que ces études ne se fondaient que sur des échantillons trop petits, mais plus important encore, que les données n’avaient pas été correctement analysées, conduisant ainsi à des conclusions invalides.

Le paléontologue note qu’il y a différentes façons de distinguer les dinosaures mâles des femelles, mais à ce jour ces données sont rares et trop peu nombreuses pour savoir avec certitude les mâles et les femelles différaient effectivement dans leur anatomie externe. »Il existe d’autres façons de déterminer le sexe d’un dinosaure, grâce par exemple à la découverte d’œufs conservés à l’intérieur d’une femelle« , explique-t-il. Le chercheur note également que nous pourrions également nous concentrer sur l’os médullaire, une structure particulière des os développée aujourd’hui par les femelles oiseaux lors de la période de gestation.

« Ce que nous devons faire, c’est examiner des spécimens de dinosaures que nous pouvons identifier positivement comme des femelles », explique le chercheur. « Et si vous pouvez examiner une population assez grande, vous saurez alors avec certitude ce à quoi ressemblaient les femelles de cette espèce. On peut alors étudier le reste de la population pour comparer, et déterminer ainsi les mâles et les femelles ».

Le chercheur soutient bien sûr qu’il ne serait pas surpris de voir que le dimorphisme existe bel et bien chez certains dinosaures, ce phénomène étant observé chez les oiseaux et les crocodiles qui sont les parents vivants les plus proches des dinosaures. Le défi sera simplement de trouver assez de fossiles d’une espèce donnée pour faire une analyse statistique appropriée. Et, comme le souligne Mallon, « les études manquent à ce jour ». Aurions-nous eu tort donc ? Peut-être, mais nous ne pouvons en revanche pas le dire avec certitude.

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