Reconnaitre un visage, même un très jeune enfant peut aisément le faire. Cependant, il semblerait que 2,5 % de la population mondiale en soit incapable.
L’incapacité à reconnaitre un visage est la conséquence d’une pathologie neurologique : la prosopagnosie. La toute première description de cette maladie a été rapportée par le neurologue allemand Joachim Bodamer en 1947, à propos de deux soldats victimes de lésions cérébrales durant la Seconde Guerre Mondiale. Une étude allemande en 2006 a permis d’évaluer à 2,47 % la population mondiale touchée. Néanmoins, le faible échantillon de participants et le fait que cette étude est la seule concernant la prévalence de la prosopagnosie empêche toute certitude sur ce chiffre.
« Si la lésion est brutale, le patient peut ne plus reconnaître ses proches ou les membres de sa famille. S’il s’agit de lésions moins marquées, le cas sera moins grave et la personne éprouvera plutôt des difficultés à mettre un nom sur un visage lorsqu’on lui montre la photo d’une célébrité » explique Jean-Christophe Bier, neurologue à l’hôpital Érasme de Bruxelles.
Depuis, des avancées ont été faites et ont permis de mieux identifier la prosopagnosie. Dans le cas de la plupart des patients, la maladie fait suite à un AVC (ou à un traumatisme crânien) et l’apparition de lésions au niveau de la zone temporale droite du cerveau. Suivant la gravité des lésions, les personnes atteintes peuvent au mieux ne pas reconnaitre une célébrité sur une photo, et au pire ne plus reconnaitre des membres de sa famille.
Dans des cas plus rares, la prosopagnosie est d’origine congénitale. Cette dernière serait alors moins handicapante pour le malade, car il « reconnaît encore ses proches par la voix, l’odeur et la façon dont ils se déplacent » selon le neurologue belge.
La prosopagnosie est également synonyme de forte anxiété chez les patients et ne serait pas guérissable à 100 %. Cependant, il est possible de recouvrir une partie de ses fonctions comme celle de reconnaissance faciale par la plasturgie cérébrale, en réparant les lésions responsables de la maladie.
Une journaliste raconte son enfance dans Le Monde du 2 juillet 2015 :
« Je m’en voulais, comme si je n’avais pas d’intérêt pour les gens, alors que je suis quelqu’un qui s’intéresse aux autres… »
Les prosopagnosiques ont du mal à s’intégrer en société, davantage que les dyslexiques ou encore les gens n’ayant pas le sens de l’orientation, car cela touche directement à leurs relations sociales. Comment se faire des amis et attirer la sympathie lorsque l’on ne peut reconnaitre des visages censés être familiers ?
– Crédits photo : Paul Ekman