Une étude américaine de grande ampleur est venue démontrer qu’il était possible de détecter une diminution aux scores des tests cognitifs pratiquement deux décennies avant que la maladie d’Alzheimer ne se déclare. Une découverte majeure qui pourrait un jour contribuer à mettre en place des moyens visant à freiner l’évolution de la pathologie et donc à retarder l’apparition des premiers signes de démence.
Des études antérieures avaient déjà suggéré que la dégénérescence des neurones responsable de la maladie d’Alzheimer commençait à se produire une bonne dizaine d’années avant que les premiers signes visibles de la pathologie n’apparaissent. Malgré ce constat, très peu de moyens permettaient jusqu’alors de détecter le début de cette neurodégénérescence, empêchant de ce fait tout diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer. Pourtant, une nouvelle étude, publiée dans la revue Neurology, a aujourd’hui permis de démontrer que des tests de mémoires et de réflexion pouvaient révéler des déclins cognitifs environ 18 ans avant que la pathologie ne se déclare réellement.
Pour arriver à ce constat, l’équipe de Kumar B. Rajan du Rush University Medical Center de Chicago (États-Unis) a mené une étude longitudinale de grande ampleur en recrutant, il y a une vingtaine d’années, 2125 sujets américains – de type caucasien et africain — âgés à l’époque d’au moins 65 ans. Ces derniers ne présentaient alors aucun signe pouvant évoquer une maladie d’Alzheimer. Durant les dix-huit années qui ont suivi, l’ensemble des participants à l’étude ont dû, tous les trois ans, passer des tests visant à évaluer leur mémoire épisodique, leurs fonctions exécutives et leur cognition globale.
À l’issue de cette étude, les chercheurs ont constaté que 23 % des Afro-Américains et 17 % des Caucasiens avaient développé la maladie d’Alzheimer. En analysant ces résultats, les scientifiques en ont déduit que les participants qui avaient obtenu les moins bons scores lors de la première année de l’étude avaient en moyenne dix fois plus de risques de développer la pathologie ultérieurement. En outre, l’ensemble des personnes ayant développé la maladie d’Alzheimer ont eu des scores décroissants aux tests à mesure que l’étude progressait. « Les scores les plus bas sont associés au développement de la démence d’Alzheimer. L’ampleur de l’association augmente avec le temps et est plus marquée dans la population européenne. », a ainsi déclaré Kumar B. Rajan, relayé par le site Sciences & Avenir. « Ces données suggèrent que les troubles cognitifs peuvent se manifester à un stade bien plus précoce que ce qui avait été établi précédemment », a-t-il poursuivi.
Les conclusions de cette nouvelle étude permettent donc de confirmer l’idée selon laquelle la maladie d’Alzheimer ne serait pas une pathologie quasi exclusive aux personnes âgées, mais qu’elle apparaîtrait dès l’âge mûr en suivant une évolution lente et progressive. « Un concept communément admis dit que dans le développement de la maladie d’Alzheimer, des changements physiques et biologiques précèdent le handicap mental et mémoriel. Si c’est vrai, alors ces processus sous-jacents doivent s’étaler sur une durée conséquente. Les efforts fournis pour prévenir la maladie pourraient bien requérir une meilleure compréhension de ces processus actifs dès la force de l’âge », a ainsi expliqué Kumar B. Rajan, relayé par le site Slate.
De ce fait, si les scientifiques parvenaient à mettre en place une procédure permettant un dépistage précoce de ces premiers « changements physiques et biologiques », il deviendrait alors possible mettre en place des mesures visant à retarder de manière significative l’apparition des premiers symptômes de la démence.
Sources : Slate — Sciences & Avenir
– Illustration : Allan Ajifo