La durée de vie des dinosaures, qu’ils soient grands ou petits, herbivores ou carnivores, a longtemps interrogé les chercheurs. Le professeur Paul Barrett, responsable des vertébrés fossiles au Musée d’histoire naturelle de Londres, offre des perspectives éclairantes sur ce sujet.
Anneaux de croissance
Il est difficile de déterminer précisément la durée de vie des dinosaures, mais des observations ont permis de dégager quelques éléments permettant d’y voir un peu plus clair. Contrairement à de nombreux mammifères, les dinosaures semblent avoir eu des cycles de vie rapides. La majorité de ces animaux se seraient ainsi reproduits et seraient morts avant d’atteindre leur pleine taille adulte. Cette observation suggère une sorte de « cycle de vie rockstar », où les dinosaures vivaient vite et mouraient jeunes. Malgré tout, certains spécimens plus chanceux pouvaient tenir plus longtemps, mais combien de temps ?
Lorsqu’un dinosaure se développe, ses os connaissent des phases de croissance rapide et lente, ce qui se traduit par la formation d’anneaux de croissance comparables aux cernes des arbres. Chaque anneau représente généralement une année. L’évaluation de la vitesse de croissance des dinosaures repose donc sur leur analyse.
L’épaisseur des anneaux de croissance dans les os joue également un rôle clé dans cette analyse. Des anneaux plus épais indiquent une croissance rapide à un moment donné, tandis que des anneaux plus minces signalent des périodes de croissance plus lente. Ces variations d’épaisseur permettent de déterminer le taux de croissance relatif de l’animal à différentes étapes de sa vie.
Les interruptions annuelles dans les anneaux de croissance sont également cruciales. Elles sont souvent liées à des facteurs saisonniers tels que les changements de température ou la durée du jour. En comptant ces interruptions, les chercheurs peuvent déterminer le nombre d’années de croissance de l’animal.
Tout dépend de la taille
Cette approche fournit un aperçu détaillé de la biologie des dinosaures, permettant aux chercheurs de reconstruire leur histoire de vie à partir des restes fossiles. En analysant la vitesse de croissance, les variations saisonnières et les périodes de croissance, les scientifiques peuvent ainsi mieux comprendre comment ces créatures emblématiques ont évolué et se sont adaptées à leur environnement tout au long des différentes ères géologiques.
Sur la base de ces analyses, il semble y avoir une corrélation entre la taille de l’animal et sa longévité, une relation qui est d’ailleurs observée chez de nombreux animaux. En règle générale, les animaux plus gros ont tendance à vivre plus longtemps que les plus petits.
Selon Paul Barrett, responsable des vertébrés fossiles au Musée d’histoire naturelle de Londres, les dinosaures sauropodes, par exemple, qui se caractérisaient par leur taille immense pour la plupart, auraient probablement pris environ 30 à 35 ans pour atteindre leur taille maximale, avec une espérance de vie au-delà de cette période pouvant aller jusqu’à 50 ans.
En revanche, les dinosaures plus petits, comme les ornithopodes, atteignaient probablement leur taille maximale vers l’âge de quatre à cinq ans, avec une probabilité plus faible de survivre au-delà de trois à quatre ans.
Ces découvertes remettent en question les perceptions antérieures selon lesquelles les dinosaures vivaient longtemps. Il était en effet autrefois supposé que les dinosaures géants ressemblaient à des crocodiles ou des tortues géants et qu’ils pouvaient prendre jusqu’à un siècle pour atteindre leur taille maximale.
Bien que les études sur la durée de vie des dinosaures aient beaucoup progressé, de nombreuses zones d’ombre demeurent. Certains chercheurs s’intéressent désormais à d’autres éléments, comme la densité et la structure des os fossiles, qui pourraient fournir des indices supplémentaires sur la longévité de ces créatures. Par exemple, des os plus denses et plus robustes semblent être associés aux dinosaures ayant vécu plus longtemps, tandis que les dinosaures plus petits, aux os plus fins, pourraient avoir eu des vies relativement brèves. Ces nouvelles approches d’analyse renforcent l’idée que la biologie des dinosaures, bien plus complexe que prévu, mérite encore des investigations approfondies pour percer les mystères de leur développement et de leur survie.