Mais où est donc passé l’hiver ?

Crédits : Wikimedia Commons / Christian Jansky

Vous l’aurez peut-être remarqué, après un petit coup de froid fin novembre, l’hiver s’est fait la malle! En Europe, des températures inhabituellement élevées induisent des situations peu courantes à cette période de l’année, telles que des stations de ski fermées ou très faiblement enneigées dans les Alpes, des cerisiers ayant entamé leur floraison en Allemagne ou encore la fermeture des patinoires à Moscou.

De véritables records de température ont été relevés partout en Europe. Ce phénomène est particulièrement visible en Scandinavie, selon Frédéric Nathan, météorologue français pour Météo-France. « Dimanche, un record absolu de température a été battu pour un mois de décembre en Finlande : il a fait 11,2 °C à Kokemaki », indique le météorologue.

En effet, cette zone proche du cercle polaire Arctique est propice à ce genre de records. Dans la capitale finlandaise Helsinki, une température de 10,3 °C (au lieu de -1 °C habituellement) a été relevée, constituant également un record, tout comme en Suède. Ce 20 décembre 2015, Stockholm a affiché un mercure à 12,6 °C (pour une moyenne de moins d’1,7 °C). Les pays baltes ne sont pas en reste avec par exemple une température de 11,3 °C dans la capitale de l’Estonie, Tallin, pour une habituelle moyenne de -1 °C en décembre.

« La douceur est aussi remarquable à Londres », ajoute Frédéric Nathan. Des relevés ont été faits, toujours ce dimanche 20 décembre, dans la capitale du Royaume-Uni, plus précisément à l’aéroport d’Heathrow (16,4 °C), ou encore à St James’ s Park (16,9 °C), le plus ancien des neuf parcs royaux.

« La température moyenne de lundi (+5° C) est de presque 12° supérieure à la norme saisonnière (-6,5°) », a déclaré Nikolaï Terechonok, directeur du département chargé du monitoring de la météo et du climat en Russie centrale et à Moscou. Dans la capitale russe, la Place Rouge a fermé sa patinoire en début de semaine pour « raisons techniques », tout comme les 1200 patinoires naturelles de la ville. Patinoires en Russie fermées, mais c’est également le cas de nombreuses stations de ski dans les Alpes, malgré le fait que certaines réussissent à survivre grâce à des pistes enneigées artificiellement, par exemple L’Alpe d’Huez en Isère.

La végétation semble également impactée : des cerisiers en fleur ont été aperçus dans la ville allemande de Dresde, tandis que les jonquilles ont déjà refleuri au Royaume-Uni. La date d’entrée dans l’hiver est pourtant déjà passée ce mardi 22 décembre 2015. Ce phénomène d’hiver doux se montrera plus habituel à l’avenir à cause du réchauffement global, bien que des épisodes exceptionnellement doux ont déjà été observés par le passé (en 1934 et 2000). De plus, le courant océanique El Nino, très fort cette année, contribue à la hausse des températures.

Mais pourquoi une telle douceur?

Depuis la fin de l’automne, un blocage anticyclonique s’est mis en place sur l’Europe. Ces hautes pressions sont d’abord responsables de la sécheresse qui sévit sur une bonne partie de la France, notamment sur les Alpes où le cumul pluviométrique (ou neigeux) est parfois proche du néant en décembre. Dans ces conditions, une masse d’air douce remonte continuellement du Maroc dans un courant du sud à sud-ouest. L’isotherme 0 °c (l’altitude à laquelle la température passe sous 0° c) se perche ainsi régulièrement à plus de 3000 mètres, une situation que l’on connaît habituellement fin avril. L’air froid est quant à lui rejeté au nord des pays scandinaves et sur la Sibérie.

Du changement en vue?

D’ici le réveillon du 31 décembre, la situation devrait peu évoluer avec toujours une grande douceur en plaine et en montagne. Le courant perturbé zonal qui circule habituellement entre le Québec et la Grande-Bretagne devrait toutefois se renforcer, permettant à des perturbations de pénétrer un peu plus le pays. Le blocage anticyclonique pourrait finir par céder au début du mois de janvier avec l’arrivée d’un temps perturbé et plus frais permettant à la neige de revenir en moyenne montagne. À confirmer toutefois, car ce changement est encore lointain et fragile.

Sources : 7 sur 7La Chaine MétéoLa France AgricoleLe Parisien