Madagascar : restaurer son exceptionnelle biodiversité prendrait plusieurs millions d’années d’évolution

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Selon une étude néerlandaise, l’île de Madagascar a déjà perdu un grand nombre de mammifères et de nombreux autres sont menacés. Or, dans l’état actuel des choses, il faudrait trois millions d’années d’évolution pour espérer une restauration de ces espèces perdues.

Une biodiversité exceptionnelle en péril

En 2021, une équipe de chercheurs allemands avait estimé que la biodiversité à l’échelle globale aurait besoin de millions d’années pour se rétablir. Cette conclusion avait fait son apparition après une comparaison entre la crise actuelle et le dernier événement d’extinction de masse enregistré : la célèbre chute de l’astéroïde du Chicxulub près de la péninsule du Yucatan (actuel Mexique), il y a environ 66 millions d’années.

L’Université de Groningue (Pays-Bas) a piloté une nouvelle étude à propos de Madagascar qui a été publiée dans la revue Nature Communications le 10 janvier 2023. Depuis l’arrivée de l’humain sur Terre, l’île a vu s’éteindre une trentaine d’espèces de mammifères tels que les oiseaux-éléphants, les hippopotames nains ou encore, les lémuriens géants.

Étant donné que l’île de Madagascar est riche d’une biodiversité exceptionnelle qui est le fruit de 80 millions d’années d’évolution, restaurer la part de biodiversité déjà perdue prendrait au moins trois millions d’années, selon les scientifiques.

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Crédits : Romet6 / iStock

Vers un effondrement des écosystèmes ?

Aujourd’hui, la situation de Madagascar inquiète énormément. En effet, pas moins de 128 mammifères (dont une centaine de lémuriens) sont classés en tant qu’espèces menacées d’extinction dans la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Or, ce nombre a sans cesse augmenté durant la dernière décennie puisqu’en 2010, le pays comptait « seulement » 56 espèces menacées. Pour les chercheurs, la disparition de l’intégralité de ces espèces nécessiterait environ 23 millions d’années d’évolution pour espérer une restauration.

Par ailleurs, si la faune et la flore endémiques de l’île devaient disparaître totalement, les habitants assisteraient alors à un véritable effondrement des écosystèmes. En outre, les conséquences sur ces mêmes habitants seront lourdes, car elles se traduiraient par des famines, puis des flux migratoires forcés. Du côté des principaux facteurs de perte de biodiversité à Madagascar, nous retrouvons la transformation des terres pour l’agriculture, la dégradation des habitats, les espèces invasives, le changement climatique et évidemment, la chasse ainsi que le braconnage.

Selon les auteurs de l’étude, ces travaux montrent qu’agir dès maintenant pour protéger les espèces pourrait permettre de sauver des millions d’années d’évolution. Cela permettrait également d’éviter l’escalade d’une pauvreté déjà omniprésente dans ce pays qui est considéré comme l’un des plus démunis au monde.