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Les macrolones : une révolution dans la lutte contre la résistance aux antibiotiques

La lutte contre la résistance aux antibiotiques est devenue l’un des défis les plus pressants de la médecine moderne. Avec l’émergence de superbactéries capables de résister à la plupart des traitements antibiotiques, les infections autrefois bénignes risquent de devenir potentiellement mortelles. Cependant, une nouvelle classe d’antibiotiques, les macrolones, pourrait représenter une avancée majeure dans la lutte contre cette menace croissante.

La montée de la résistance aux antibiotiques

Les antibiotiques, découverts dans les années 1920, ont révolutionné le traitement des infections bactériennes. Cependant, l’utilisation excessive et inappropriée de ces médicaments a conduit à l’émergence de superbactéries résistantes. Ces souches de bactéries sont désormais capables de se multiplier et de se propager, entraînant des infections difficiles à traiter.

Les mécanismes de résistance sont divers : certaines bactéries peuvent modifier leur cible, effacer les antibiotiques ou pomper les médicaments hors de leurs cellules. En conséquence, les infections qui étaient autrefois facilement traitables deviennent de plus en plus complexes à gérer.

La résistance aux antimicrobiens est une crise sanitaire mondiale qui inquiète les experts depuis plusieurs décennies. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette problématique aurait causé environ 1,27 million de décès dans le monde en 2019, et les chiffres continuent d’augmenter. Les bactéries, les parasites, les champignons et les virus développent en effet des mécanismes de plus en plus sophistiqués pour échapper aux traitements existants, mettant ainsi en péril les progrès réalisés en médecine moderne.

La recherche de solutions est donc essentielle pour contrer cette menace, ce qui nous ramène à cette nouvelle percée.

Les macrolones, une double attaque contre les bactéries

Pour répondre à ce défi, des chercheurs de l’Université de l’Illinois à Chicago et de l’Institut de technologie de Pékin ont développé une nouvelle classe d’antibiotiques appelée macrolones. Ces composés innovants offrent une approche révolutionnaire en ciblant deux processus bactériens distincts simultanément.

Ces deux types d’antibiotiques sont les macrolides et les fluoroquinolones. Les macrolides, comme l’érythromycine, agissent en bloquant la synthèse des protéines bactériennes en se liant aux ribosomes. Les fluoroquinolones, comme la ciprofloxacine, ciblent l’enzyme ADN gyrase, perturbant ainsi la structure de l’ADN bactérien.

En réunissant ces deux mécanismes dans un seul composé, les macrolones attaquent donc les bactéries sous deux angles différents. Cette approche rend les bactéries beaucoup plus difficiles à combattre, car elles doivent simultanément développer des mutations pour se protéger contre les deux cibles. Selon les chercheurs, cette double attaque rend l’évolution de la résistance aux macrolones 100 millions de fois plus difficile.

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Les chercheurs de l’Université de l’Illinois à Chicago, Yury Polikanov, Nora Vázquez-Laslop et Alexander Mankin, qui ont collaboré à cette étude, tiennent un modèle d’un antibiotique macrolone. Crédit : Dmitrii Travin

Un pas en avant dans la guerre contre la résistance

Les premiers essais ont montré que les macrolones sont capables de cibler efficacement les deux processus cellulaires à des concentrations relativement faibles. Certaines souches de bactéries résistantes aux macrolides traditionnels continueraient également à être ciblées par les macrolones, même après avoir développé des mutations de résistance. Cela suggère que les macrolones pourraient prolonger l’efficacité des antibiotiques dans un contexte de résistance croissante.

Le développement des macrolones représente ainsi une avancée prometteuse, mais plusieurs défis demeurent. La prochaine étape consistera à optimiser ces composés pour qu’ils soient encore plus efficaces et sûrs pour une utilisation clinique. Des études supplémentaires seront donc nécessaires pour évaluer leur potentiel dans divers contextes cliniques et pour surveiller tout développement de résistance éventuel.

En outre, la recherche devra s’assurer que ces nouveaux antibiotiques peuvent être produits de manière économique et à grande échelle afin d’assurer leur disponibilité mondiale.

L’étude est publiée dans la revue Nature Chemical Biology.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.