Une machine pourra bientôt traduire vos pensées en textes

IA traduire les pensées en mots écrits
Crédits : Alexandra_Koch

Une équipe de chercheurs de l’Université du Texas annonce avoir développé un nouvel outil d’intelligence artificielle capable de traduire l’activité cérébrale d’une personne en mots écrits. Contrairement à d’autres approches similaires, cette procédure ne serait pas invasive. Le modèle n’est pas encore parfait, mais il pourrait à terme être utilisé pour aider les patients qui ne sont plus capables de communiquer physiquement par la parole comme certains survivants d’un AVC.

Un nouveau bond en avant

Un nouveau système d’intelligence artificielle peut traduire l’activité cérébrale d’une personne écoutant une histoire ou imaginant silencieusement une histoire en un flux continu de texte. Ce système, qui vient de faire l’objet d’une étude publiée dans la revue Nature Neuroscience, a été développé par deux chercheurs de l’UT Austin (Texas). Leur travail repose en partie sur un modèle similaire à ceux qui alimentent ChatGPT d’Open AI.

Si d’autres systèmes similaires sont en développement, celui-ci se distingue par le fait que les participants n’ont pas besoin de subir une intervention chirurgicale pour se faire poser des implants. Ils ne seraient pas non plus limités à une liste de mots qu’ils peuvent utiliser. En ce sens, Alex Huth, l’un des co-auteurs de ces travaux, évoque un véritable « bond en avant ».

Dans le détail, le décodeur est dans un premier temps formé en mesurant l’activité cérébrale d’une personne qui écoute des heures de podcasts dans un scanner IRMf. Plus tard, à condition que le participant soit ouvert au décodage de ses pensées, le fait qu’il écoute une nouvelle histoire ou qu’il s’imagine en raconter une permet à la machine de générer le texte correspondant à partir de sa seule activité cérébrale.

Notez que le résultat n’est pas une transcription mot à mot. Les chercheurs l’ont en effet conçu pour capturer l’essentiel de ce qui est pensé. Dans le cadre d’expériences, la machine aurait en effet produit un texte qui correspond étroitement (parfois précisément) au sens voulu des mots originaux dans environ la moitié des cas. Par exemple, un participant écoutant un orateur dire : « je n’ai pas encore mon permis de conduire » a vu ses pensées traduites par : « il n’a même pas encore commencé à apprendre à conduire« .

IA traduire les pensées en mots écrits
Crédits : jarmoluk/Pixabay

Applications et risques associés à cette technologie

Ce système n’est pas encore parfait. Il n’est pas non plus très pratique puisqu’il nécessite une machine IRMf. Cependant, à terme, les chercheurs pensent que ce travail pourrait être transféré à d’autres systèmes d’imagerie cérébrale portables, tels que la spectroscopie fonctionnelle dans le proche infrarouge (fNIRS). En pratique, un tel outil pourrait aider les personnes mentalement conscientes, mais incapables de parler physiquement, telles que celles affaiblies par des accidents vasculaires cérébraux, à communiquer à nouveau de manière intelligible.

Enfin, les chercheurs ont également abordé des questions sur l’utilisation abusive potentielle d’une telle technologie. Sur ce point, ils se veulent rassurants. Selon eux, le décodage ne peut en effet fonctionner qu’avec des participants coopératifs ayant volontairement participé à une formation de plusieurs heures sur l’utilisation de ce décodeur.

« Une personne doit passer jusqu’à quinze heures allongée dans un scanner IRM, parfaitement immobile, en accordant une attention particulière aux histoires qu’elle écoute avant que cela ne fonctionne vraiment bien sur elle« , note à ce titre Alex Huth. En effet, les résultats pour les personnes sur lesquelles le décodeur n’avait pas été formé étaient inintelligibles. Même chose pour les participants sur lesquels le décodeur avait été formé, mais qui opposaient une résistance. En l’état, cette technologie ne pourrait donc pas être utilisée sur quelqu’un à son insu.

Cette innovation est une nouvelle avancée dans les nouvelles technologies d’intelligence artificielle qui permettent la création et la traduction de contenus, et dont Chat GPT est le visage le plus représentatif. À l’instar des chercheurs qui étudient la traduction de l’activité cérébrale, les professionnels de l’écriture se demandent s’il faut privilégier la technologie pour leur travail en raison de son niveau de précision dans les textes. Alors que certains remplacent directement le travail humain par la technologie, d’autres insistent sur le choix d’un travail complémentaire entre l’homme et la machine pour obtenir des résultats plus naturels.