Les écrans sont omniprésents dans la vie des jeunes générations. Des jeux vidéo aux réseaux sociaux, en passant par les heures passées devant les vidéos en streaming, l’utilisation des technologies est devenue une part incontournable du quotidien des adolescents. Pourtant, leur impact sur la santé mentale des jeunes demeure un sujet de débat. Une étude récemment publiée par l’Université College London (UCL) vient apporter de nouvelles perspectives fascinantes sur cette question, en se concentrant particulièrement sur les effets des jeux vidéo et des réseaux sociaux.
Les jeux vidéo : une bouffée d’air pour les garçons ?
L’un des résultats les plus surprenants de l’étude concerne l’impact des jeux vidéo sur la santé mentale des garçons. Selon les chercheurs, les garçons qui jouent fréquemment aux jeux vidéo au début de l’adolescence semblent moins susceptibles de développer des symptômes dépressifs quelques années plus tard. L’étude, qui s’appuie sur des données provenant de l’étude de cohorte du millénaire (avec plus de 11 000 adolescents), révèle que les garçons qui jouaient régulièrement à des jeux vidéo à l’âge de 11 ans présentent des scores de dépression bien plus bas à 14 ans que ceux qui y jouaient moins souvent.
En détail, les garçons qui jouaient tous les jours à des jeux vidéo avaient des scores de dépression inférieurs de 24,3 % par rapport à ceux qui n’y jouaient qu’une fois par mois ou moins. Ceux qui jouaient au moins une fois par semaine affichaient des résultats encore meilleurs, avec une réduction des symptômes dépressifs de 25,1 %. De plus, les garçons qui jouaient au moins une fois par mois avaient des scores de dépression réduits de 31,2 % à l’âge de 14 ans par rapport à ceux qui ne jouaient presque jamais.
Les réseaux sociaux : un piège pour les filles ?
À l’inverse, les résultats pour les filles sont beaucoup moins réjouissants. L’étude indique que les adolescentes qui passent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux au début de l’adolescence semblent développer davantage de symptômes dépressifs avec le temps. En effet, comparées à celles qui utilisent les réseaux sociaux moins d’une fois par mois, les filles qui sont actives sur ces plateformes quotidiennement à 11 ans présentent un score de dépression 13 % plus élevé à l’âge de 14 ans.
Ce phénomène pourrait être lié à plusieurs facteurs. Les réseaux sociaux, bien qu’offrant une forme de connectivité, peuvent également exposer les jeunes filles à des pressions sociales, à la comparaison constante, et à un flux d’informations anxiogènes. La recherche suggère que les interactions sociales numériques, souvent superficielles et basées sur des critères esthétiques ou populaires, peuvent exacerber le sentiment d’isolement et d’anxiété, affectant directement le bien-être mental des jeunes utilisateurs.

Un facteur clé : l’activité physique
L’étude a également mis en lumière l’importance de l’activité physique dans la relation entre les écrans et la santé mentale des jeunes. Selon les chercheurs, les bénéfices des jeux vidéo sur la santé mentale sont encore plus marqués lorsque ces jeunes garçons pratiquent une activité physique modérée. En revanche, pour ceux qui sont moins actifs, les jeux vidéo peuvent jouer un rôle plus protecteur en réduisant les symptômes de dépression. Cela suggère qu’une combinaison d’exercice et de loisirs numériques pourrait constituer un équilibre bénéfique pour la santé mentale des jeunes.
Cela soulève une question importante pour les parents et les éducateurs : faut-il interdire les écrans ou au contraire encourager certaines pratiques modérées ? Les chercheurs de l’UCL insistent sur le fait que tout est une question d’équilibre. L’utilisation des écrans ne devrait pas être niée, mais régulée, en tenant compte des activités physiques parallèles et du type de contenu consommé.
Les bienfaits des jeux vidéo : plus qu’un mythe ?
Ce constat n’est pas totalement nouveau. Des études antérieures ont en effet déjà exploré l’impact des jeux vidéo sur le bien-être mental. Une étude menée par l’Université d’Oxford, par exemple, a montré que des jeux populaires comme Animal Crossing: New Horizons pouvaient avoir un effet bénéfique sur le moral des joueurs. En effet, les résultats ont révélé que les participants à ces jeux se déclaraient plus heureux et moins stressés après les sessions de jeu.
Cependant, tout ne se résume pas à un jeu vidéo « thérapeutique ». Des recherches ont également montré que lorsque les jeux vidéo prennent trop de place dans la vie d’un adolescent, en particulier s’ils sont associés à un manque d’activité physique, cela peut nuire au développement social et éducatif. Le temps passé sur les écrans ne devrait donc pas être une activité isolée, mais faire partie d’un mode de vie équilibré.
Un équilibre essentiel
En résumé, cette étude de l’UCL souligne une réalité complexe : les écrans peuvent avoir des effets à la fois positifs et négatifs sur la santé mentale des jeunes, en fonction du type d’activité et du contexte. Si les jeux vidéo peuvent offrir un soulagement contre les symptômes dépressifs, particulièrement pour les garçons avec un faible niveau d’activité physique, les réseaux sociaux semblent au contraire aggraver l’anxiété et la dépression, en particulier chez les filles.
Les parents et les éducateurs doivent prendre conscience de l’importance de réguler le temps d’écran, en encourageant les adolescents à varier leurs activités : jeux vidéo modérés, mais aussi sport, études et interactions sociales réelles. Après tout, tout est une question de mesure et d’équilibre.
