Pendant de nombreuses années, les médecins ont retiré un organe à leurs patients, le pensant superflu. Il s’agit du thymus, une petite glande graisseuse se trouvant derrière le sternum et devant le cœur. Pourtant, selon une étude récente, il pourrait sauver des vies.
Le thymus, un organe supposé inutile après la puberté
Le thymus est un organe que l’on retrouve dans la partie supérieure du thorax, à l’arrière de la partie supérieure du sternum, le manubrium sternal, et juste devant le cœur. Cet organe joue durant l’enfance un rôle très important dans le développement du système immunitaire, si bien que son retrait à un âge très jeune a pour conséquence une réduction à long terme du nombre de cellules T (ou lymphocytes T). Rappelons que ces cellules sont des globules blancs capables de lutter contre les infections et les maladies. Par ailleurs, retirer le thymus induirait une réduction des effets positifs des vaccins.
Toutefois, il réduit en taille après la puberté et produit ensuite beaucoup moins de cellules T. Ainsi, de nombreux médecins ont longtemps pensé que le retirer pendant une opération du cœur ne présentait aucun risque. Autrement dit, les professionnels estimaient que le thymus devenait inutile à l’âge adulte. Et si en réalité, le thymus ne perdait pas son utilité avec le temps ? Cette hypothèse est soutenue par une étude pilotée par le Massachusetts General Hospital (États-Unis) et publiée dans le New England Journal of Medecine le 3 août 2023. Les médecins ont en effet analysé les données de plus de 7 000 patients ayant subi une opération du cœur, dont 6 000 ayant subi une ablation du thymus.
Une utilité insoupçonnée pour les adultes
Selon les auteurs de l’étude, les patients dépourvus de thymus présentaient deux fois plus de risques de perdre le vie dans les cinq ans suivant leur opération. Plus précisément, les années suivant une chirurgie ablative sont particulièrement sensibles, car le risque de contracter un cancer est deux fois plus important. De plus, il est souvent question d’un cancer plus agressif et qui a plus de risques de récidive.
Les auteurs de ces travaux sont évidemment étonnés des résultats, bien que leur étude relève purement de l’observation. En effet, il n’est pas formellement prouvé que l’ablation du thymus est à l’origine des résultats évoqués dans ces travaux. Toutefois, les médecins pensent qu’il existe un fort lien. En effet, les prélèvements sanguins d’un sous-ensemble de patients ayant subi une ablation du thymus présentaient une réduction de la diversification des récepteurs de cellules T.
Ainsi, les auteurs pensent que l’ablation du thymus pourrait favoriser le développement de cancers et/ou de maladies auto-immunes. Selon les médecins, même si l’organe produit beaucoup moins de cellules T à l’âge adulte, cette production de nouvelles unités contribue à garder les individus en bonne santé. Ils déconseillent donc désormais de retirer le thymus de l’organisme des patients.