L’Union européenne veut fabriquer un canon électromagnétique

canon electrique
Crédits : ISL

L’Agence européenne de défense (AED) vient de sélectionner un consortium dont la mission sera de concevoir un canon électromagnétique. Il s’agit d’une arme capable d’atteindre six fois la vitesse du son ! Alors que les étasuniens ont alloué un énorme budget pour des recherches encore infructueuses, l’Union européenne désire faire mieux avec un investissement pourtant moindre.

Une technologie aux nombreux avantages

Comme l’expliquait Naval News le 7 mai 2020, l’Agence européenne de défense (AED) a sélectionné un consortium nommé PILUM. Cet acronyme signifie Projectiles for Increased Long-range effects Using Electro-Magnetic railgun (Projectiles pour une augmentation des effets à longue portée à l’aide d’un pistolet électromagnétique). À l’origine de ce projet, nous retrouvons l’Institut franco-allemand de recherches de Saint-Louis (ISL), basé dans le Haut-Rhin.

Ainsi, il est question de mettre au point un canon électromagnétique de longue portée. Il s’agit  d’une arme pouvant lancer des projectiles à une vitesse hypersonique sur une distance de 200 km. Les porteurs du projet évoquent une vitesse de plus de 7 200 km/h, c’est-à-dire trois fois plus que ce qui se fait de mieux actuellement et six fois plus que la vitesse du son.

Les avantages seraient nombreux. Premièrement, la diminution du temps de vol réduirait considérablement le risque d’interception. De plus, il s’agit de limiter le risque d’exposer les forces armées à une possible riposte de l’ennemi. Par ailleurs, le stockage serait bien plus sécurisé en l’absence de poudre explosive. Enfin en ce qui concerne le coût, les économies réalisées pourraient être très importantes.

schéma canon electromagnétique
Crédits : ISL

Des recherches compliquées

Des sociétés de cinq pays participent au consortium PILUM, dont les français Nexter et Naval Group qui ont publié un communiqué ce 11 juin 2020. Pour ces dernières, le canon électromagnétique pourrait devenir un engin capable de révolutionner l’artillerie. En revanche, la technologie n’est pas si simple. En effet, il incombe de générer une grande quantité d’énergie en environ quatre millisecondes. Autrement dit, une puissance électrique énorme, équivalent à celle d’une ville de 500 000 habitants, est nécessaire. Alors que le canon électromagnétique est prévu pour être embarqué sur un navire, la question du volume des générateurs pose donc question.

Par ailleurs, l’effet Joule, généré par une intensité de plusieurs millions d’ampères, chauffe les rails du canon. Également soumis à d’importants frottements, ces même rails s’usent alors très rapidement. Citons également le fait que la puissance électrique requise fait qu’il est impossible de pratiquer des tirs à une cadence importante. Or, la cadence de tir est primordiale en termes de lutte antiaérienne.

Mais comment peut-on mettre au point un tel canon électromagnétique ? Rappelons que les États-Unis mènent des recherches sur ce canon depuis 15 ans, et ce sans résultats probants. Or, ces recherches ont déjà avalé pas moins de 500 millions de dollars ! Pour 2021, les chercheurs auront un budget limité à 9,5 millions de dollars. Toutefois, plus aucun budget ne sera alloué à l’avenir outre-Atlantique, au moins entre 2022 et 2025.

Avec un budget de « seulement » 1,5 millions d’euros, l’ISL reste néanmoins très confiant. L’institut rappelle travailler sur ce type de technologie depuis 30 ans. Ceci a notamment permis de concevoir deux premiers canons électriques, le Pegasus et le Rafira.