Chine Lune
Cette vue prise par la sonde Apollo 11 montre la Terre s'élevant au-dessus de l'horizon lunaire le 20 juillet 1969. Crédits : NASA/JSC

La Lune aura bientôt son propre fuseau horaire

Le gouvernement américain a récemment demandé à la NASA de mettre en place un fuseau horaire spécifique pour la Lune, connu sous le nom de « temps lunaire coordonné (LTC) ». Cette décision intervient dans le cadre des préparatifs pour les futures missions spatiales vers notre satellite naturel.

La perception relative du temps

Le temps s’écoule différemment sur notre satellite naturel. Cette différence est due à plusieurs facteurs, notamment la masse de chaque corps céleste et leur distance respective du centre de masse du système Terre-Lune.

Pour rappel, selon la théorie de la relativité générale d’Albert Einstein, la gravité influe sur la manière dont le temps s’écoule. Sur Terre, où la gravité est plus intense en raison de sa masse plus importante, l’espace-temps est courbé de manière significative. Cela signifie que le temps semble s’écouler plus lentement par rapport à des objets qui possèdent une plus faible gravité.

Pour mieux comprendre, imaginez l’espace-temps comme une surface plane sur laquelle reposent des objets de masse différente. Un objet lourd, qui représente la Terre dans ce cas, va alors créer un creux plus profond que celui laissé par un objet moins lourd, ici la Lune. Les objets se déplacent alors le long de cette surface en fonction de la courbure créée par la masse de chaque objet. Ainsi, sur la Terre, où l’espace-temps est courbé de manière significative en raison de sa masse importante, le temps semble s’écouler plus lentement. En revanche, sur la Lune, où la courbure de l’espace-temps est moins prononcée en raison de sa masse moins importante (avec sa gravité six fois plus faible que celle de notre planète), le temps semble s’écouler légèrement plus rapidement.

C’est pourquoi sur la Lune, chaque jour lunaire présente un léger retard par rapport au temps terrestre. Pour être plus précis, chaque jour lunaire présente un retard de 58,7 microsecondes par rapport à la Terre. Cette différence peut sembler minime, mais elle est suffisante pour perturber les opérations spatiales qui nécessitent une synchronisation précise.

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Le système Terre-Lune vu par Orion lors de la mission Artemis 1. Crédits : NASA

Un temps lunaire, mais pour quoi faire ?

Avec de nombreuses missions lunaires prévues à l’horizon, le chef du Bureau de la politique scientifique et technologique (OSTP) de la Maison-Blanche a demandé à la NASA de travailler avec d’autres instances du gouvernement américain pour élaborer un plan d’ici la fin 2026 pour définir ce qu’elle devrait faire appeler le temps lunaire coordonné (LTC). Pour rappel, ces missions constitueront des étapes cruciales dans le cadre du programme Artemis, qui vise à ramener des humains sur la Lune et à préparer des missions vers Mars. Avec de nombreux pays et entreprises impliqués dans de nouvelles initiatives, il sera donc essentiel d’établir une norme pour synchroniser les horloges et coordonner le bon déroulement des opérations spatiales. C’est dans cette optique que la mise en place du LTC  est envisagée.

Sans cette norme, il serait en effet difficile de garantir que les transferts de données entre les engins spatiaux soient sécurisés et que les communications entre la Terre, les satellites lunaires, les bases et les astronautes soient synchronisées. Des écarts de temps pourraient également conduire à des erreurs dans la cartographie et la localisation des positions sur ou en orbite autour de la Lune.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.