Retour sur la Lune en 2024 : vers un calendrier « assoupli » ?

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Crédits : NASA

Comme chacun sait, la NASA prévoit de reposer les pieds sur la Lune dès 2024 dans le cadre de son programme Artemis. Toutefois, certains experts jugent cette échéance trop ambitieuse. Le nouveau président élu Joe Biden pourrait bientôt assouplir ce calendrier, et donner une année ou deux supplémentaires à l’agence américaine pour atteindre cet objectif.

En 2017, l’administration Trump demandait à la NASA de renvoyer des humains sur la Lune en 2024. De cette volonté est né le programme Artemis, dont le premier volet se déroulera en trois étapes. Le premier, Artemis 1, sera une mission non habitée autour de la Lune. Viendront ensuite les missions Artemis 2 et Artemis 3. La première sera une mission habitée en orbite autour de la Lune, tandis que la seconde mènera le prochain homme et la première femme à se poser sur le sol lunaire.

Notez qu’à terme, l’objectif du programme Artemis sera d’établir des installations permanentes dans la région du pôle sud permettant à des équipages d’effectuer des séjours longue durée dans l’espace. Il s’agira également de développer et de tester de nouvelles approches, technologies et systèmes permettant une exploration plus simple et à moindres coûts de l’espace lointain (exploration de Mars en vue).

Ceci étant dit, nous savions dès le départ que cet objectif de 2024 était très ambitieux. Beaucoup avait alors justifié cette échéance par l’idée qu’en cas de succès, ce retour sur la Lune pourrait être opéré sous la présidence de Donald Trump, en cas de réélection. Depuis, la situation américaine a évolué. Dès le mois de janvier prochain, les États-Unis seront en effet dirigés par le nouveau Président élu Joe Biden.

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Le premier étage du lanceur SLS destiné au lancement de la mission Artemis I sort de l’usine de Michoud. Crédits : Danny Nowlin

Mêmes objectifs, moins de pression ?

A priori, il n’est pas question d’annuler le programme Artemis. Le président élu n’a, à ce jour, pas beaucoup parlé publiquement de la NASA ou de l’exploration spatiale. Cependant, nous savons que le Parti démocrate approuve explicitement la vision large d’Artemis : « Nous soutenons le travail de la NASA pour ramener les Américains sur la Lune et au-delà, franchissant la prochaine étape dans l’exploration de notre système solaire », peut-on notamment lire sur la plate-forme 2020 du Parti.

En revanche, certains experts pensent que l’administration Biden pourrait donner « un peu plus de mou » à la NASA pour atteindre ses objectifs.

«Je m’attends à ce que l’objectif 2024 disparaisse », a déclaré à Space.com l’expert en politique spatiale John Logsdon, professeur émérite de sciences politiques et d’affaires internationales à la Elliott School of International Affairs de l’Université George Washington. Eric Stallmer, vice-président exécutif des affaires gouvernementales et de la politique publique chez Voyager Space Holdings, partage son avis. «Je pense que les gens réévalueront le calendrier à coup sûr. Et, franchement, je ne pense pas que quiconque ait pensé que le calendrier 2024 était à un moment donné réaliste ».

Ce ne sont pas les seuls « sceptiques ». Interrogée en juin dernier sur la bonne tenue du calendrier Artemis, la nouvelle cheffe de file des programmes de vols spatiaux humains de la NASA, Kathy Lueders, a elle aussi convenu que cet objectif serait tout de même difficile à atteindre. « Je n’ai pas de boule de cristal », avait-elle déclaré. « Mais nous allons essayer. (…) Je pense qu’il est très important d’avoir un objectif agressif. Cela permet à l’équipe de se concentrer sur l’importance de la mission ».

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Kathy Lueders. Crédits : NASA/Joel Kowsky

La NASA devra également se concentrer sur le climat

Les modifications apportées au calendrier d’Artemis, si elles sont opérées, ne seront pas les seules appliquées au domaine de la science planétaire par le nouveau Président élu. Sur sa plate-forme, le Parti Démocrate exprime également un engagement fort en faveur de la lutte contre le changement climatique.

Pour rappel, au cours de sa campagne pour la présidentielle, le futur locataire de la Maison-Blanche avait notamment promis de réintégrer l’Accord de Paris, que Donald Trump avait décidé de quitter. Les États-Unis, deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre, pourraient alors endosser un rôle de leader dans l’action climatique, malgré le retard essuyé.

Nous devons ainsi nous attendre à un renforcement des missions d’observation de la Terre de la NASA et de la National Oceanic and Atmospheric Administration pour mieux comprendre le réchauffement climatique et son impact sur notre planète.