Des loutres grandes comme des lions rôdaient il y a trois millions d’années

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Crédits : Sabine Riffaut/PALEVOPRIM/Université de Poitiers/CNRS

Des paléontologues ont identifié une nouvelle espèce de loutre éteinte en Éthiopie. Elle pesait environ deux cents kilos. Il s’agit donc de la plus grande loutre jamais décrite. L’animal aurait côtoyé (et peut-être rivalisé pour la nourriture) avec les australopithèques il y a 3,5 à 2,5 millions d’années. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue française Comptes Rendus Palevol.

Des loutres grandes comme des lions

Il existe aujourd’hui plusieurs gabarits de loutres. Celles à petites griffes, retrouvées en Asie, pèsent de 1,8 à 6 kg, tandis que la loutre géante sud-américaine (Pteronura brasiliensis) peut dépasser les 30 kg pour 1,8 m de long. La loutre de mer du Pacifique Nord (Enhydra lutris kenyoni) peut quant à elle facilement atteindre les 45 kg pour 1,5 m de long. Ces dernières sont donc moins grandes, mais plus lourdes que leurs cousines sud-américaines.

Plusieurs loutres plus grandes sont en revanche connues pour avoir peuplé l’Eurasie et l’Afrique il y a environ six à deux millions d’années. Il y a quelques années, une équipe avait par exemple annoncé la découverte de loutres éteintes de la taille de loups. Ces dernières peuplaient les forêts marécageuses du sud-ouest de la Chine il y a six millions d’années. Citons également le genre éteint Enhydriodon qui est considéré comme le plus gros mustélidé décrit à ce jour avec ses deux cents kilos estimés. Cependant, une autre espèce pourrait lui voler la vedette.

L’espèce décrite a été nommée Enhydriodon omoensis, d’après la basse vallée de l’Omo, dans le sud-ouest de l’Éthiopie, où elle a été découverte. L’animal aurait vécu il y a environ 3,5 à 2,5 millions d’années et aurait de fait coexisté avec un groupe de parents humains disparus connus sous le nom d’australopithèques.

D’après l’analyse de ses dents et de ses fémurs, E. omoensis pesait probablement plus de deux cents kilos. L’étude compare la taille de ces loutres gigantesques aux lions modernes (Panthera leo) qui peuvent mesurer jusqu’à trois mètres de long et peser de 150 à 250 kg.

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Enhydriodon omoensis comparée à trois espèces actuelles, une humaine moderne et un australopithèque. Crédits : Sabine Riffaut, Camille Grohé / Palevoprim / CNRS – Université de Poitiers

Un animal principalement terrestre

Les chercheurs ont également mesuré les rapports d’isotopes (les variations d’un élément avec un nombre différent de neutrons) d’oxygène stable et de carbone dans l’émail de plusieurs dents. Ces valeurs peuvent en effet nous dire à quel point cette espèce était dépendante de l’eau.

D’après les analyses, il semblerait que cette loutre n’était pas semi-aquatique, comme toutes les loutres modernes. Les chercheurs ont en effet découvert qu’elle partageait le même régime alimentaire que les animaux consommaient une grande variété de plantes terrestres.

Traditionnellement, les loutres du genre Enhydriodon ont été considérées comme semi-aquatiques et se nourrissaient de mollusques, de tortues, de crocodiles et autres poissons-chats prélevés dans les rivières africaines. Cette découverte remet donc en cause cette idée.