Le loup « sinistre » aurait également rôdé en Chine, suggère un fossile

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Crédits : capture d'écran Game of Thrones/HBO

Canis dirus – aussi appelé le « loup sinistre » ou « loup terrible » – est le plus grand canidé connu. Aujourd’hui disparu, nous savons que ce prédateur vivait en meutes durant le Pléistocène sur les continents américains. Mais pas que. D’après l’analyse d’un fossile, il semblerait en effet que ce loup géant ait également rôdé en Chine.

Canis dirus est un canidé ayant évolué au Pléistocène, avant de finalement s’éteindre il y a environ 10 000 ans. C’est un cousin de Canis lupus, le loup gris, mais ce n’est pas son ancêtre. D’ailleurs, les deux espèces ont été en compétition, et même si Canis dirus était au moins 40% plus gros (physiquement très semblable aux « loups géants » de Game of Thrones), c’est bien le loup gris qui s’est finalement imposé.

Ceci dit, on a longtemps cru que ces grands prédateurs vivaient uniquement dans les Amériques. Les paléontologues ont en effet retrouvé des ossements de ce carnivore pouvant facilement atteindre les 1,60 m de long du Canada jusqu’en actuelle Bolivie. Notez que la plupart ont été retrouvés préservés dans les fosses à goudron de Rancho La Brea, en Californie. Mais était-ce vraiment le cas ?

A priori, non. Une gigantesque tête de loup de cette espèce, vieille de 32 000 ans, a en effet été découverte en Sibérie il y a quelques années. Aussi, nous savons que certains spécimens ont fréquenté l’Asie. Un nouveau fossile, récemment mis à jour en Chine, laisse aujourd’hui à penser que les « loups terribles » se sont aventurés un peu plus à l’Est. Les détails de ces travaux sont rapportés dans la revue Quaternary International.

Une dent de « loup terrible » retrouvée en Chine

En 2017, une opération d’extraction de sable opérée dans la rivière Songhua, dans le nord-est de la Chine, draguait un fossile inhabituel. Le spécimen, d’environ dix centimètres de long, n’était autre que le fragment d’une mâchoire inférieure, sur laquelle était encore incrustée une molaire quasiment intacte.

Au premier regard, les chercheurs ont immédiatement su que celle-ci appartenait à une espèce canine. Toutefois, le croc se distinguait clairement de ceux des loups gris précédemment déterrés dans la région (beaucoup plus gros). Le paléontologue Xijun Ni et son équipe en charge des fouilles, de l’Académie chinoise des sciences, ont finalement ramené la pièce en laboratoire pour effectuer des analyses.

Là, ils ont utilisé la tomodensitométrie pour construire un modèle tridimensionnel du fossile. Les chercheurs ont ensuite comparé plus d’une douzaine de ses caractéristiques anatomiques avec celles d’autres espèces canines, éteintes et vivantes. Finalement, c’est bien Canis dirus qui correspondait le plus.

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Illustration de deux Canis dirus se disputant une carcasse de mammouth avec un Smilodon à La Brea (Californie). Crédits : R. Bruce Horsfall

Probablement de passage

Cette découverte était naturellement inattendue. D’après Xijun Ni, certains de ces prédateurs se sont probablement dispersés via le pont terrestre de Béring reliant jadis l’Alaska et la Russie, tout comme l’ont fait d’autres grands mammifères comme les humains.

Toutefois, le paléontologue suggère que ces canidés n’ont finalement pas prospéré sur le continent asiatique. Probablement à cause de la concurrence, explique-t-il. On pense notamment aux hyènes des cavernes (Crocuta crocuta spelaea), présentes à l’époque dans la région. De taille similaire, ces anciennes prédatrices avaient en effet des dents plus grandes et des mâchoires plus puissantes.