Des fossiles extrêmement rares datant de 450 millions d’années viennent de révéler l’existence d’une espèce jusqu’alors inconnue : Lomankus edgecombei. Découverts dans le célèbre gisement de fossiles de Beecher, dans l’État de New York, ces spécimens sont conservés dans un minéral fascinant, connu sous le nom d’or des fous, qui ressemble à de l’or scintillant.
Présentation de la nouvelle espèce
Lomankus edgecombei a été nommée en l’honneur de Greg Edgecombe, un spécialiste renommé des arthropodes au Musée d’histoire naturelle de Londres. Cette nouvelle espèce appartient à un groupe ancien connu sous le nom de mégacheirans qui inclut des arthropodes marins caractérisés par leurs appendices longs et développés. Ces appendices, souvent considérés comme des pattes modifiées, jouaient un rôle crucial dans la capture de proies, permettant à ces créatures de se positionner en tant que prédateurs dans leur environnement aquatique.
L’analyse des fossiles de Lomankus révèle des caractéristiques fascinantes qui suggèrent que ces animaux avaient une capacité d’adaptation limitée par rapport à d’autres arthropodes contemporains qui ont su développer des stratégies variées pour s’adapter à des changements environnementaux. Les Lomankus semblent de leur côté avoir maintenu des traits morphologiques relativement stables. Ce constat soulève des questions sur leur mode de vie et leur niche écologique.
Autre fait intrigant : les mégacheirans étaient autrefois considérés comme ayant disparu à l’Ordovicien, il y a environ 485 à 443 millions d’années. Cette époque est souvent vue comme un moment d’impasse pour ce groupe, car peu de preuves avaient été trouvées pour démontrer leur survie au-delà de cette période. La découverte de Lomankus edgecombei remet cependant en question cette idée préconçue. Elle offre un aperçu précieux sur la continuité de l’évolution des mégacheirans, et montre que ces créatures avaient encore la capacité de se diversifier et de s’adapter à leur environnement bien après ce que l’on pensait.
Une conservation exceptionnelle
La manière dont il a été préservé rend Lomankus edgecombei particulièrement fascinant. Les fossiles sont en effet incrustés dans de la pyrite, un minéral qui se forme par une réaction entre le sulfure et le fer. Bien que la pyrite ressemble à de l’or, elle n’est pas précieuse en soi, sauf pour ceux qui recherchent des sources de lithium. Néanmoins, sa capacité à préserver les détails anatomiques est exceptionnelle.
Les fossiles de Lomankus proviennent d’un gisement célèbre pour ses trilobites dorés, mais la façon dont la pyritisation s’est produite dans leurs parties molles rend ces spécimens vraiment singuliers. Lomankus était un organisme mou, semblable à une crevette, et non durci par des biominéraux comme un trilobite. La pyrite aurait alors finalement remplacé ces tissus, permettant leur préservation. Si cela n’avait pas eu lieu, ces animaux auraient tout simplement disparu sans laisser de traces.
Notez enfin que pour que la pyrite se forme, il faut un mélange de matière organique, de fer et un environnement pauvre en oxygène. Les sédiments où ces fossiles ont été découverts contenaient peu de matière organique, mais étaient riches en fer. Les carcasses des animaux ont alors agi comme de petites îles où les conditions étaient idéales pour la formation de pyrite. Il semble par ailleurs que les spécimens de Lomankus aient été enterrés rapidement dans un glissement de terrain sous-marin, ce qui a empêché toute décomposition avant leur enfouissement.
Bien que ces fossiles soient fascinants, leur conservation pose néanmoins des défis. La pyrite a en effet tendance à s’oxyder rapidement si elle n’est pas stockée correctement. Cependant, avec un entretien approprié, ces spécimens peuvent continuer à nous éclairer sur l’évolution de la vie dans les océans anciens et révéler les caractéristiques anatomiques délicates qui ont été préservées.