L’un des câbles de l’observatoire d’Arecibo (Porto Rico) s’est brisé il y a quelques jours, déchirant une entaille de 30 mètres de long dans son antenne radio géante. L’installation est depuis fermée, le temps pour les ingénieurs d’évaluer l’ampleur des dégâts.
L’Arecibo, mis en service en 1963, était jusqu’en 2016 le plus grand radiotélescope à parabole unique au monde (300 mètres de diamètre). Il a depuis été détrôné par le radiotélescope chinois FAST (Five-hundred-metre Aperture Spherical Radio Telescope), situé dans la province du Guizhou, et son ouverture de 500 mètres.
Quand bien même, l’Arecibo reste à ce jour le plus emblématique. Depuis sa mise en service, il a permis le suivi de nombreux astéroïdes proches de la Terre. Le SETI s’appuie également dessus depuis des années pour « écouter » le ciel à la recherche de possibles signaux de civilisations extraterrestres.
D’ailleurs, ces tentatives de communication n’ont pas toutes été à sens unique. En 1974, des astronomes ont en effet utilisé l’observatoire pour envoyer le célèbre « Message Arecibo », vers M13, un amas globulaire situé à 25 000 années-lumière de la Terre.
La renommée de l’observatoire s’étend également au-delà de la seule communauté scientifique. Plusieurs scènes du film Goldeneye (le James Bond de 1995) ont notamment été tournées dans son enceinte. Arecibo a aussi joué un rôle de premier plan dans le film de science-fiction Contact (1997), basé sur le roman éponyme de Carl Sagan paru en 1985.
Une plaie de 30 mètres
Depuis sa mise en service, l’observatoire a également essuyé plusieurs menaces. Le puissant ouragan Maria, qui a touché Porto Rico il y a trois ans, a notamment forcé les ingénieurs à mettre le télescope hors ligne pendant plusieurs mois. Cette fois en revanche, c’est un peu plus sérieux. C’est l’Université de Floride centrale, l’un des opérateurs d’Arecibo, qui a annoncé la nouvelle sur son site Web.
D’après les ingénieurs, l’un des câbles auxiliaires permettant le soutien d’une plate-forme métallique, située au-dessus de l’observatoire, s’est cassé ce lundi 10 août. Suite à cette rupture, un morceau du câble aurait alors entaillé l’antenne réflecteur du télescope sur au moins 30 mètres.
La cause de cette rupture de câble et la durée de réparation du télescope sont actuellement inconnues.
« Nous avons une équipe d’experts évaluant la situation, a déclaré Francisco Cordova, directeur d’Arecibo, dans un communiqué d’UCF Today. Notre objectif est d’assurer la sécurité de notre personnel, de protéger les installations et les équipements et de remettre l’installation à plein régime dès que possible, afin qu’elle puisse continuer à aider les scientifiques du monde entier« .
Although the photographer in me prefers the perspective of the photo already making the rounds on Twitter, here's a far-less-catastrophic-looking telephoto shot, courtesy of Phil Perillat, of the damage sustained by @NAICobservatory due to the cable failure Monday. pic.twitter.com/bClRxkQk8k
— Dr. Joe Swiggum (@swiggumj) August 12, 2020
Reste à voir combien il en coûtera pour réparer l’antenne, et si les différentes agences opérantes paieront pour ces travaux. Ce qui n’est pas gagné d’avance. En effet, l’observatoire était déjà sur la sellette depuis plusieurs année, faute de financements.
La National Science Foundation (NSF) des États-Unis, qui gère l’installation, a déclaré qu’elle tentait de trouver de nouveaux partenaires pour maintenir le radiotélescope en marche. Il en coûte environ 12 millions de dollars par an pour le faire fonctionner.