Le lithium dans notre eau de robinet peut-il prévenir les troubles de la démence ?

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Une récente étude menée au Danemark établit un nouveau lien surprenant entre les niveaux de lithium naturel dans l’eau du robinet et la démence observée chez les personnes âgées.

La démence est un syndrome dans lequel on observe une altération de la fonction cognitive plus importante que celle que l’on pourrait attendre du vieillissement normal. Elle affecte la mémoire, le raisonnement, l’orientation, la compréhension, le calcul, la capacité d’apprentissage, le langage et le jugement. Elle est l’une des causes principales de handicap et de dépendance parmi les personnes âgées dans le monde, avec plus de 9,9 millions de nouveaux cas recensés chaque année. Eprouvante tant pour les malades que pour les familles et le personnel soignant, la démence est encore méconnue et suscite l’incompréhension, c’est pourquoi chaque découverte est importante.

Il y a quelques jours, une équipe de chercheurs danois établissait un lien étroit entre les niveaux de lithium dans l’eau du robinet et les cas de démence observés au pays. Car le troisième élément du tableau périodique (et le 33e élément le plus abondant sur Terre) n’est pas seulement le métal qui alimente les batteries dans la plupart de nos appareils électroniques. Piégé dans divers minéraux, le lithium se disperse également le long de la croûte terrestre, et se trouve donc naturellement dans notre eau potable.

Depuis près de 50 ans, des sels de lithium sont utilisés dans le traitement du trouble bipolaire, et des études ont montré que l’exposition à long terme au lithium pourrait réduire le risque de démence chez les patients souffrant de ces troubles. Dans cette optique, une équipe dirigée par des chercheurs de l’Université de Copenhague a tenté à déterminer si un tel effet pouvait être observé sur la population danoise. Et à leur grande surprise, les chercheurs ont bel et bien constaté que des niveaux plus élevés de lithium dans l’eau du robinet sont en corrélation le nombre (plus réduit) de cas de démence dans les zones étudiées.

Ils ont pour cette étude recueilli 151 échantillons d’eau potable partout dans le pays et ont utilisé ces données pour élaborer une carte complète des niveaux de lithium pour les 275 municipalités historiques du Danemark. Ils ont ensuite croisé ces données avec plusieurs dossiers médicaux, examinant un total de 73 731 patients atteints de démence et 733 653 sujets témoins. La relation est alors très claire entre l’exposition au lithium et la démence. Comparée aux sujets qui ne boivent que de 2 à 5 microgrammes de lithium par litre dans leur eau potable, la population qui en boit au moins 10 microgrammes est beaucoup moins sujette aux troubles de la démence (17% en moins). Plus surprenant en revanche, dans l’intervalle moyen de l’exposition au lithium de 5,1 à 10 microgrammes par litre, le taux de personnes exposées a grimpé jusqu’à 22%.

Il faudra encore d’autres analyses et des échantillons plus complets pour tenter d’établir un lien concret et comprendre ces différences dans les effets observés. En outre, et comme c’est toujours le cas dans ce genre d’étude, ces nouvelles données suggèrent un lien, mais cela ne nous dit pas vraiment si le lithium est ici le facteur définitif.

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