Lire dans les pensées : les ordinateurs en seront bientôt capables

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Le « Brain-to-text » est une technique qui parvient à décoder des mots entiers d’après les signaux électriques émis par votre cerveau. Une avancée majeure dans le monde des neurosciences qui pourrait par la suite permettre aux personnes paralysées et privées de la parole de pouvoir s’exprimer, mais qui laisse aussi présager des méthodes peu souhaitables pour deviner les pensées de personnes.

Cela fait déjà quelques années que les scientifiques travaillent à la reconnaissance des mots par les signaux électriques émis par le cerveau. En 2010, Bradley Greger avait réussi à isoler quelques mots comme « oui », « non » et « bonjour ». Par ailleurs, il y a quelques mois, nous vous avions parlé de drones capables d’être contrôlés par la pensée.

Une équipe du Karlsruhe Institute of Technology (Allemagne) et du Wadsworth Center (États-Unis) sont parvenus à enregistrer les ondes cérébrales correspondant à la parole, à décoder des phrases complètes pensées et à les restituer en langage naturel. Et cette fois-ci, le décodage neuronal est réalisé à partir d’un discours prononcé en continu. Une première ! Leurs résultats sont parus le 12 juin dans la revue Frontiers in neuroscience.

Sept personne souffrant d’épilepsie ont accepté de participer à l’expérience dans le cadre de leur traitement clinique. Ils se sont fait implanter des électrodes sous la voûte crânienne juste à la surface du cortex du lobe temporal de l’hémisphère gauche, aire répertoriée comme responsable du langage. Chaque participant devait ensuite lire un texte à haute voix. En plus de l’onde acoustique, les scientifiques ont enregistré les signaux cérébraux émis via une électrocortigraphie (ECoG).

Des applications médicales importantes

Le taux d’erreur de l’expérience est de 25 %, ce qui laisse encore une bonne marge de progrès, mais les scientifiques sont confiants.

« Notre prochaine étape, en plus d’améliorer la précision, sera d’essayer de décoder les mots lorsque les gens les imaginent seulement (sans les lire) », explique un des auteurs de l’étude Christian Herff de l’Institut technologique de Karlshuhe.

Les chercheurs estiment que ce processus de traitement et de décodage du signal cérébral pourrait se faire en temps réel via une application en ligne depuis un ordinateur. Ainsi, des personnes atteintes du locked-in syndrome (LIS, maladie empêchant de bouger et de parler, mais qui conserve les facultés intellectuelles) pourraient réussir à communiquer via leur pensée.

Mais on peut imaginer un très grand nombre d’applications à partir de cette technologie, allant de la plus louable à la plus malsaine. Ainsi, peut-être finirons-nous par parler entre nous sans même ouvrir la bouche. Peut-être nous ferons-nous également « pirater » nos propres pensées ? Qui sait ? En tout cas pour le moment, le fait que cette technologie nécessite une opération touchant la boite crânienne limite encore le nombre de possibilités.

Sources : Frontiers in neuroscience, Futura-sciences ; Sciences et Avenir