Une expérience permet de ressentir les sensations liées à l’invisibilité

Crédits : Scientific Reports

Vous avez peut-être déjà eu cette impression d’être invisible aux yeux des autres ou juste une envie de le devenir. Aujourd’hui, l’invisibilité pourrait être plus accessible qu’elle ne l’a jamais été.

Les recherches en matière d’invisibilité ont beaucoup évolué : des métamatériaux seraient en mesure de manipuler des ondes, les rayons lumineux seraient déviés lorsqu’ils arriveraient dessus. Cette déviation de la lumière rendrait alors invisible une partie du corps de la personne. « Même si les dispositifs capables de dissimuler entièrement un corps humain ne sont pas encore au point, il ne semble pas irréaliste de dire qu’on y parviendra un jour », précise Arvid Guterstam, le co-auteur de l’étude publiée dans Scientific Reports, le 23 avril dernier.

Mais les conséquences psychologiques de l’invisibilité doivent être analysées afin d’éviter tout risque pour les personnes qui utiliseront ce type de dispositif. Des expériences, menées par une équipe de scientifiques suédois de l’Institut Karolinska à Stockholm, ont été réalisées sur 125 participants. Chacun portait un visiocasque qui lui transmettait les images, en 3D et en direct, d’une paire de caméras. Celles-ci filmaient le vide et étaient placées à la même hauteur que le visiocasque, ce qui donnait l’impression au participant que ce qu’il regardait était son corps devenu invisible.

Ce dernier était ensuite touché à plusieurs endroits avec un pinceau, par les chercheurs qui faisaient le même geste devant la caméra. L’illusion d’une invisibilité était alors renforcée et en 30 secondes, les participants étaient pour la plupart persuadés de leur transparence. Un coup de couteau a été donné vers l’espace vide devant la caméra et « les personnes ont davantage transpiré, ce qui suggère que le cerveau de la personne a perçu ce geste dans le vide comme une menace directe pour son propre corps », explique Arvid Guterstam.

Illustration tirée de l'étude
Crédits : Scientific Reports

Une autre expérience, qui exposait chaque participant devant un auditoire inconnu, a prouvé grâce à l’analyse de leur rythme cardiaque et aux témoignages que les individus étaient bien moins stressés lorsqu’ils se sentaient invisibles. « Si le cerveau perçoit le corps comme invisible, il suppose que celui-ci l’est également pour d’autres observateurs, ce qui réduit le stress lié au fait d’être au centre de l’attention », conclut Arvid Guterstam. La simulation de l’invisibilité permettrait alors de réduire l’anxiété sociale, trouble qui toucherait environ 10 % des gens.

« Nous pensons que donner l’illusion d’être invisible pourrait être utilisé comme une première étape pour ces psychothérapies s’appuyant sur la réalité virtuelle », ajoute-t-il. « Cela pourrait aider les patients dont l’anxiété provient d’émotions négatives liées à leur propre corps ». D’autres expériences seront réalisées par la suite pour observer les éventuels changements de comportements d’un individu qui se croit invisible.

>> Accéder à l’étude sur Nature

Sources : 20 minutes, GuruMeditation, Le Monde.