Capables de construire des nids dont la taille peut atteindre plusieurs milliers de fois celle de leurs individus, et Ă l’architecture complexe, les fourmis intriguent par leur organisation. Des chercheurs du CNRS de l’UniversitĂ© de Toulouse III se sont penchĂ©s sur la question.
Des chercheurs toulousains du Centre de recherches sur la cognition animale (CNRS/UniversitĂ© Toulouse III – Paul Sabatier) et du Laboratoire d’informatique de Nantes se sont penchĂ©s sur la manière dont les fourmis noires de jardin construisent leurs habitats, ce qui restait jusque-lĂ une Ă©nigme. Chez cette fourmi, le nid est composĂ© d’une partie souterraine constituĂ©e d’un rĂ©seau de galeries et d’un dĂ´me en terre constituĂ© d’un grand nombre de chambres en forme de bulles.
Dans la revue PNAS et dans un communiquĂ© de presse, ces chercheurs expliquent que ces fourmis s’auto-organisent mĂŞme collectivement pour bâtir ces nids. Grâce Ă la modĂ©lisation et Ă l’imagerie 3D, ils ont pu comprendre qu’elles s’organisent de deux manières. « Elles imprègnent les matĂ©riaux de phĂ©romones, ce qui va contrĂ´ler la dĂ©cision de leurs congĂ©nères Ă bâtir au mĂŞme endroit des piliers. Pour les construire, elles utilisent leur corps comme gabarit, lorsque ces piliers ont atteint leur taille, elles arrĂŞtent et façonnent des chapiteaux » explique Guy ThĂ©raulaz, chercheur au CNRS.
Leur corps leur sert donc d’unitĂ© de mesure et les phĂ©romones de plan olfactif. Les formes des nids varient ensuite en fonction de la chaleur ou de l’humiditĂ©. « C’est ce qui explique les variations de forme des nids. Plus il fait chaud, moins il y aura de piliers et les chambres seront plus grandes » poursuit Guy ThĂ©raulaz. En analysant la construction d’un nid oĂą environ 10 000 fourmis opĂ©raient, le chercheur a Ă©galement observĂ© qu’elles adaptaient leur nid en fonction du monde qui le peuplait et qu’elles Ă©taient aussi capables de rĂ©aliser des escaliers en colimaçon pour pouvoir circuler plus facilement. Pour lui, il s’agit lĂ de « la manifestation d’une intelligence collective. Seule, une fourmi est incapable de faire ça.«Â
Source : CNRS