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L’incroyable technique de chasse des larves de moustiques vue au ralenti

larves moustiques
Crédits : Hancock, RG, et al Annals of the Entomological Society of America

En utilisant la microcinématographie à grande vitesse, des chercheurs ont pu filmer trois espèces de larves de moustiques prédateurs en train de chasser. Leur technique, révélée par ces images, consiste à projeter leur tête en avant pour attraper leurs proies. Les détails de ces travaux ont été publiés dans les Annals of the Entomological Society of America .

La microcinématographie (enregistrement cinématographique de choses très petites au moyen de microscopes) nous permet d’accéder à un monde fascinant qui nous échapperait sans cela. Certains organismes sont en effet trop petits ou trop rapides pour être observés d’une autre manière. Dans le cadre d’une nouvelle étude, des chercheurs se sont ainsi intéressés aux larves de moustiques prédateurs.

Ces moustiques de la famille des Cilicidae sont connus dans le monde entier. Des études adaptées en Floride suggèrent que certains d’entre eux sont cannibales au stade larvaire, c’est-à-dire qu’ils s’attaquent à d’autres larves de moustiques. Pour ces nouveaux travaux, une équipe s’est concentrée sur trois autres espèces qui, jusqu’à présent, avaient échappé aux instruments les plus pointus. Elles sont baptisées Toxorhynchites amboinensis , Psorophora ciliata et Sabethes cyaneus.

La tête comme un harpon

Les chercheurs ont découvert que les deux premières espèces attrapaient leurs proies en projetant leur tête loin de leur corps comme des harpons , la gueule ouverte, ramenant ensuite leurs victimes en une fraction de seconde. Ce comportement n’avait jamais été observé auparavant.  » Nos mâchoires sont tombées dès que nous l’avons vu « , a déclaré Robert Hancock, biologiste à la Metropolitan State University de Denver, qui a dirigé l’étude.  » Aucun de nous ne pouvait croire ce que nous voyions « .

Par ailleurs, il est intéressant de noter que, malgré le fait que ces deux espèces ne soient que de loin apparentées, elles ont toutes deux développé des méthodes de capture très similaires. Les chercheurs ont également mené une expérience pour voir si ces espèces présentaient un comportement cannibale. Ils ont alors constaté que toutes les larves de la même espèce restaient en vie. Autrement dit, ces larves s’attaquent à d’autres insectes.

LJ Zwiebel, spécialiste des moustiques à l’Université Vanderbilt, a comparé ces larves aux prédateurs au sommet de la chaîne alimentaire comme les requins et les lions.

De son côté, l’espèce Sabethes cyaneus utilise une technique de capture de proies complètement différente. Celle-ci consiste à cambrer le corps dans le but de ramener la proie vers la gueule. Les larves utilisent ensuite leurs mandibules pour déchirer leurs victimes et parfois la consommer (la proie n’étant visiblement pas toujours consommée).

En quoi pourrait aider cette étude ?

Mis à part le fait que ces observations nourrissent notre curiosité naturelle, une meilleure compréhension des moustiques au stade larvaire pourrait conduire à des stratégies de gestion plus efficaces. Par exemple, les moustiques de l’espèce Toxorhynchites amboinensis ne sont pas des vecteurs de maladies, car ils survivent principalement grâce aux sucs des plantes. Toutefois, en tant que prédateurs larvaires qui se nourrissent d’autres espèces, ils ont été utilisés comme moyen pour contrôler la croissance des populations de moustiques dangereuses.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.