L’impact humain (négatif) sur le comportement des chimpanzés

chimpanzé singe regarder miroir
©DaFranzos/Pixabay

Une récente étude s’est penchée sur la manière dont la présence de l’Homme, et ses actions, pouvaient influencer le comportement des chimpanzés à l’état sauvage. Et les résultats, publiés dans la revue Science, ne sont pas bons.

Diversité comportementale

Les comportements des chimpanzés varient selon les groupes (types d’outils, régime alimentaire, gestes permettant de communiquer, etc.). Les chimpanzés acquièrent ces informations de manière sociale, en apprenant des autres. S’instaurent alors des cultures, propres à chacun des groupes de primates. C’est de ce « savoir » dont il est ici question. Une récente étude a tenté de savoir si l’impact humain – entraînant la perte de l’habitat – pouvait influencer la diversité comportementale des chimpanzés.

Nous savons que les populations de chimpanzés sont en déclin à travers l’Afrique. On pointe souvent du doigt – à juste titre – les problèmes de déforestation, de chasse de brousse, ou encore les maladies d’origine humaine. L’impact de l’Homme influence alors bien souvent le déclin de la diversité génétique, ou la taille de la population. Peu d’études, en revanche, se sont focalisées sur les changements comportementaux.

« Les chimpanzés sont des créatures extrêmement intelligentes et qui s’adaptent facilement, note Kevin Lee, de l’Institut Max Planck pour l’anthropologie évolutive, en Allemagne. Nous savons que des chimpanzés, qui ont des contacts relativement fréquents avec des humains, présentent des comportements inédits non observés chez les populations plus éloignées. Mais on ne savait pas comment la diversité comportementale en général était affectée ».

La diversité comportementale réduite de 88 %

Pour tenter de le comprendre, les chercheurs ont analysé 31 comportements de chimpanzés dans 144 groupes sociaux, ou communautés. Parmi les comportements relevés figuraient, par exemple, l’extraction et la consommation de termites, de fourmis, d’algues, de noix et de miel. Ou encore l’utilisation d’outils pour la chasse, ou le creusage des tubercules. Ayant connaissance de tout ce panel de « savoirs », les chercheurs ont ensuite essayé d’évaluer la réponse de ces comportements en fonction de différents impacts humains.

« Nous avons mesuré plusieurs niveaux d’impact, y compris la densité de la population humaine, la construction de routes, l’impact sur les rivières et la couverture forestière, explique Kevin Langergraber, co-auteur de l’étude. L’analyse a révélé une tendance assez forte : la diversité comportementale des chimpanzés a été réduite de 88 % lorsque l’impact humain était le plus élevé, par rapport aux endroits où l’impact humain était le plus faible ».

bébé chimpanzé
Crédits : Stefaanroelofs/Pixabay

Plusieurs causes possibles

Un certain nombre de mécanismes potentiels pourraient expliquer cette perte de diversité comportementale. La taille de la population par exemple, joue un rôle majeur dans la transmission et le maintien de règles culturelles. Il est également possible que les chimpanzés, prudents, évitent certains comportements pour ne pas attirer l’attention. Comme ne plus casser de noix, par exemple, dont les restes de coques pourraient signaler leur présence à l’ennemi. L’épuisement des ressources pourrait également amener les chimpanzés à se concentrer davantage sur la recherche de nourriture que sur la transmission du savoir.

Les chimpanzés « inventent » parfois pour le plaisir, mais le savoir acquis a généralement une valeur adaptative. Cela signifie que chaque comportement adopté peut potentiellement être vital pour la survie d’un groupe. En abandonnant – volontairement ou non – ces comportements, il est alors possible de compromettre leur survie à long terme.

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