À la NASA, pourquoi les hommes restent-ils dans l’espace plus longtemps que les femmes ?

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Christina Koch, ici entourée des astronautes Andrew Morgan et Nick Hague. Crédits : NASA

Selon les normes de la NASA, les hommes astronautes peuvent évoluer dans l’espace plus longtemps que les femmes. Ces limites ont été fixées il y a plusieurs décennies dans le but de prévenir les risques de cancer. Elles seront bientôt modifiées pour garantir plus d’uniformité. Ce changement devrait favoriser l’intégration des femmes dans les missions spatiales à venir. En revanche, cette révision est toujours insuffisante pour les missions humaines sur Mars.

La Terre est continuellement baignée de rayonnements ionisants, un flux constant de particules de haute énergie qui circulent dans le milieu interstellaire. Des niveaux élevés d’exposition à ces rayons peuvent entraîner le développement de cancers. Heureusement, la magnétosphère et l’atmosphère de notre planète filtrent la quasi-totalité de ces attaques générées par les étoiles.

À bord de la Station Spatiale internationale (ISS), en revanche, c’est une autre histoire. Si le complexe orbital est toujours protégé par la magnétosphère de la Terre, elle évolue au-dessus de l’atmosphère, se privant ainsi d’une épaisse couche protectrice. Les astronautes sont donc exposés à des niveaux plus élevés de rayonnements ionisants que les autres, ce qui augmente leur risque de développer un cancer au cours de leur carrière.

Inégalités face au rayonnement

Actuellement, les limites d’exposition au rayonnement spatial varient de 180 millisieverts pour une femme de trente ans à environ 700 millisieverts pour un homme de soixante ans. Ces limites ont été fixées pour ne pas dépasser 3 % de risque de décès induit par l’exposition au rayonnement. Notez que ces limites ne concernent que les astronautes de la NASA. Les agences spatiales européennes, canadiennes et russes ont de leur côté toutes fixé une limite d’exposition à vie de 1 000 millisieverts, indépendamment du sexe et de l’âge. Comparée à d’autres organes, la NASA se montre donc plus prudente, mais pourquoi fixer une limite de carrière plus basse pour les femmes astronautes que pour les hommes ?

Ces calculs sont en grande partie basés sur les bilans de santé des survivants des bombes atomiques au Japon. À l’époque, il avait en effet été observé que les femmes étaient plus sensibles aux rayonnements ionisants que les hommes. Lorsque les femmes étaient exposées à des niveaux de rayonnement comparables aux hommes pendant des périodes similaires, ces dernières avaient en effet notamment plus de deux fois plus de risques de développer un cancer du poumon.

Ces lignes directrices ont eu de réelles conséquences sur la carrière de certaines femmes. En 2018, une astronaute américaine avait en effet publiquement exprimé sa frustration après avoir dû prendre sa retraite à 57 ans après avoir atteint sa limite de carrière en matière d’exposition aux rayonnements.

Peggy Whitson astronautes rayonnement
Peggy Whitson travaillant avec le Microgravity Science Glovebox. Crédits: Wikimedia Commons / NASA

Une limite à 600 mSv pour tout le monde

Cependant, les seuils de rayonnement de la NASA devraient bientôt évoluer. En 2021, la NASA a en effet demandé à un panel d’experts d’évaluer le projet de l’agence spatiale visant à placer sa limite de rayonnement de carrière à 600 mSv pour tous les astronautes de tous âges. L’agence avait déterminé cette limite en appliquant le modèle de risque de cancer de l’agence aux personnes les plus sensibles : les femmes astronautes en début de carrière. À titre de comparaison, cette dose de 600 mSv équivaut à ce qu’un astronaute absorbe au cours de quatre expéditions de six mois à bord de l’ISS.

Cette nouvelle limite, depuis acceptée, sera bientôt d’actualité. Elle réduira la carrière de certains hommes plus âgés, mais pourra permettre aux femmes de poursuivre l’aventure plus longtemps.

Notez que ce plan proposé par la NASA inclut également une dérogation pour les missions plus longues, comme un éventuel voyage vers Mars qui exposerait les astronautes à environ 900 mSv. Autrement dit, si à l’avenir la NASA soutient que certains astronautes au bord de leur limite d’exposition sont essentiels à une mission critique, ces derniers pourront finalement servir ladite mission.