Ce lieu est le plus foudroyé au monde. Voici pourquoi

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©Public Domain Pictures

Le lac Maracaibo, situé au Venezuela (Amérique du Sud), est le théâtre d’un des phénomènes atmosphériques les plus spectaculaires au monde : la foudre de Catatumbo.

Nommé en référence au Río Catatumbo, l’un des affluents du lac, le phénomène consiste en une activité orageuse récurrente qui illumine le ciel nocturne pendant de nombreuses heures, et ce, jusqu’à 300 jours par an. Détenteur du record du Guinness, l’embouchure du fleuve enregistre une densité de foudroiement extrêmement élevée avec 250 impacts au kilomètre carré, soit plus de 1,6 million de décharges par an. Pour ces raisons, le lieu détient le titre de capitale mondiale de la foudre.

Si l’existence du phénomène est connue depuis plusieurs siècles, en témoignent par exemple les rapports de l’explorateur allemand Alexander von Humboldt, ce n’est que très récemment que les scientifiques ont pu lui apporter une explication satisfaisante.

La foudre de Catatumbo : une interaction explosive entre les vents et la géographie locale

La survenue récurrente de cellules orageuses entre mai et novembre, avec un pic en septembre, est liée à l’interaction entre les vents et la géographie spécifique à la région. En effet, le passage étroit qui relie le lac Maracaibo au golfe du Venezuela canalise les vents d’est à nord-est vers la baie et ses affluents. Lorsqu’ils rencontrent les hauts reliefs entourant le lac, ces vents sont contraints de s’élever, libérant brutalement l’énergie accumulée durant leur parcours au-dessus des eaux chaudes de la mer des Caraïbes, des Antilles et de la baie. La zone la plus favorable au soulèvement se situe à l’embouchure du Río Catatumbo, au sud-ouest du lac.

foudre de Catatumbo
Géographie de la région. On note le passage étroit qui canalise les vents de nord-est vers le lac et ses affluents ainsi que les imposants reliefs qui l’entourent. Crédits : Wikimedia Commons.

Si la foudre de Catatumbo se manifeste principalement la nuit, il faut y voir l’effet d’une couche d’inversion nocturne favorisée par la géographie locale qui permet d’accélérer le flux d’air près de la surface jusqu’à déclencher l’apparition d’un courant-jet de basse couche (en somme, un tube de vents forts situé à quelques centaines de mètres d’altitude). L’air chaud et instable est alors propulsé sur les reliefs : la convection orageuse atteint son point culminant les heures qui suivent le coucher du soleil.

Si l’on comprend désormais pourquoi ce lieu est aussi sujet aux orages et aux impacts de foudre, il n’en reste pas moins fascinant. « Beaucoup de gens meurent chaque année », rapporte Ángel G. Muñoz, chercheur à la NOAA. « Les éclairs peuvent être continus au point de rendre visible tout ce qui vous entoure ». Selon Joaquín Díaz-Lobatón, physicien vénézuélien, « vous devriez avoir peur, mais c’est si impressionnant que votre peur est dépassée. En fait, vous ne la ressentez pas ».

À cet égard, le Venezuela a réalisé l’attrait scientifique et touristique véhiculé par le phénomène. Il figure d’ailleurs sur le drapeau de l’État de Zulia situé à l’ouest du pays.